dimanche 24 juillet 2016

VINGT MILLES LIEUES SOUS LES MERS avec Zia

Tu l'as attendu, ce film-là ! C'est la séance "de grande" annoncée depuis longtemps. On a déjà regardé ensemble "The Princess Bride", "Labyrinthe" ou "Chantons sous la pluie", mais celui-là, c'est le vrai film, bien long (plus de deux heures), bien littéraire et bien impressionnant (et bien Disney aussi, quand même, donc pour enfants, mais pas que).

Tu accroches tout de suite aux grimaces et aux pitreries de Kirk "Ned Land" Douglas, qui en fait des caisses dans le genre fier-à-bras égoïste, trublion et indomptable (aidé en cela par la voix de l'impayable Roger Rudel). De la scène du premier repas des condamnés - où les rictus dégoûtés et les regards furibonds de Ned te ravissent aux éclats -, à sa course de dératé pour fuir les cannibales ("Hé, attends-MOUAAA!"), qui n'est pas sans rappeler celle d'Indiana Jones devant les Ovitos. (Et ça se confirmera tout au long du film : Harrison Ford ne pourrait certainement pas nier s'être inspiré de l'acteur à la fossette pour son Han Solo ou son Dr Jones ! Tiens, je n'avais jamais remarqué ça, dis donc !)
Mais tu aimes aussi quand Ned se rappelle qu'il est aussi un héros : après son héroïque sauvetage de Nemo contre le calmar géant, tu ne manques pas de faire (très justement) remarquer que "Même s'il est en colère après Nemo, même s'il l'aime pas trop, il l'a quand même sauvé". Bien vu, ma Zia !
Et tu es un peu déçue qu'il n'ait pas pu emporter les richesses qu'il avait volées et cachées dans sa géniale guitare-tortue, qu'il est forcé de fracasser sur la tête d'un marin du Nautilus pour s'échapper. Ah ah ah, moi pareil !
Par contre, normal, tu passes (pour cette fois !) à côté des motivations des autres personnages, très intéressants aussi, mais dont les mots et les actes sont moins transparents que ceux du brave Ned : les dialogues notamment sont magnifiques, l'écriture est très ambitieuse, très littéraire (et très respectueuse en ça du style de Jules Verne, et c'est tout à l'honneur des producteurs, qui visaient bien un public jeune, mais c'était en... 1954 !), mais les tournures sont parfois vraiment difficiles à saisir, et c'est bien le souvenir que j'en avais moi-même. Je reconnais même avoir compris aujourd'hui avec toi certains mots en suspens dans ma tête depuis trente ans ! Un exemple, lorsque Nemo reproche à Ned d'avoir tenté de rapporter un coffre au trésor lors de leur partie de chasse : "Vous prêtez une valeur absurde à la plus vile des possessions humaines. À bord du Nautilus, nous nous servons de ces brimborions comme lest." Ouah, ça, c'est envoyé !
Un autre ? Nemo, lors de la seule explosion de sa rage intérieure qu'il s'autorisera : "Eux sont les assassins, les courtiers du néant, et c'est moi le vengeur!". Cette magnifique réplique, jamais je ne l'avais comprise !
Et ce métaphorique "Vous portez un masque" du Professeur Aronnax à Nemo, qui t'a plongé dans la perplexité : "C'est pas sa vraie tête, alors?", m'as-tu demandé.
Par contre, tu as compris ce que j'aurais préféré que tu rates : oui, la femme et l'enfant de Nemo ont été torturés à mort, pour l'obliger à révéler ses secrets...
Après le film, en bonne océanographe en herbe, tu voudras en savoir plus sur le calmar géant, et nous irons sur Internet à la pêche aux infos : figurez-vous d'ailleurs que l'existence de ce monstre marin est enfin avérée, un spécimen d'une dizaine de mètres ayant enfin pu être observée, photographiée et filmée en fin d'année dernière au Japon !
Et notre discussion ensuite, sur les bienfaits de la science et les méfaits de l'homme (ou le contraire), me rendront très fier de toi : tu ne parviendras d'ailleurs pas à décider si Nemo a raison de faire la guerre à la guerre eu tuant des marins pour sauver des vies innocentes.

De mon côté, j'ai encore été soufflé de l'interprétation de James Mason en Nemo, dont le choix est le véritable coup de génie des producteurs. L'acteur anglais est stupéfiant de violence intérieure et de rage destructrice contenues, qu'il dissimule sous une posture policée et un parler posé, mais qu'il laisse affleurer dans son regard fiévreux et tourmenté. Oui, tout ça ne même temps : il est stupéfiant, je vous dis.
Et les décors rétro-futuristes du Nautilus, aussi poétiques que réalistes, sont tellement réussis qu'ils imposent à la mémoire l'évidence : le sous-marin du capitaine Nemo ne peut être autre que celui-là. On y transpire, on y vit, on y meurt, l'air manque ou se purifie, les murs suintent et résonnent, on y est, pour toujours.

3 commentaires:

  1. Dis donc, ça donne envie de le revoir !

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  2. Ah l'anarchisme aristocratique de l'incorruptible Némo : impayable !
    Vivement nos prochains échanges de DVD : en plus ce doit être bien sur fond de mur en chaux par 2,50 m !
    Philippe

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