samedi 30 juillet 2016

SOIRÉE CINÉ 2 FILMS (5) - concept "De Niro en 1995 dans des films de 3 heures"

1) Casino, de Martin Scorsese (1995)
J'avais adoré Casino à sa sortie, De Niro et ses costumes multicolores, veste vert pomme sur chemise et cravate orange, Pesci et ses coups de téléphones au travers de la gueule de ceux qui l'emmerdent, Sharon Stone bonne actrice sans montrer sa culotte, Scorsese et sa mise en scène épique et nerveuse, les explosions de sauvagerie, les éclats de noirceur, l'autopsie quasi documentaire de la machine à fric sale de Las Vegas, la bande-son classic rock seventies sans faute, c'était tout bon, je l'ai vu et revu je ne sais combien de fois, avec le même plaisir coupable, coupable de finalement bien aimer cette bande de dégénérés du flingue, du cœur et du pognon.
Mais pas cette fois.
OK pour l'épopée sanglante et malfaisante des Ritals dans le désert, OK même pour la violence professionnelle et crue, mais la brutalité sèche du couple Rothstein m'a vraiment dérangé. Pas parce que c'est mal mené (même s'ils se malmènent l'un l'autre ;), au contraire, De Niro et Stone sont stupéfiants de justesse, qu'ils jouent l'attirance, la méfiance, la soumission, la répulsion, la trahison, la colère, le répit, l'abandon, ils sont parfaits. Tellement parfaits qu'on voudrait que ça s'arrête, ou qu'ils commencent à s'entre-tuer pour de vrai (mais j'ai regardé les deux Kill Bill à la suite hier, alors c'est peut-être pour ça ;)
Pareil pour Nicky Santoro (Joe Pesci), qui, du haut de son mètre cinquante de vanité, de grossièreté et de fureur, ne m'a pas cette fois fait (avoir honte de me) marrer comme avant, mais il m'est plutôt apparu comme la petite frappe sans cervelle et sans honneur qu'il est.
Merde, à quarante ans, je ne craque plus pour les gangsters, je suis passé du côté du F.B.I. !



2) Heat ,de Michael Mann (1995)
Heat, c'est d'abord la rencontre au sommet des deux géants Pacino et De Niro, qu'on n'avait encore jamais vus ensemble, et qu'on ne verra finalement pas beaucoup ensemble dans ce film : l'un est le braqueur de banques, l'autre le policier d'élite lancé à sa poursuite, ça donne surtout des moments de surveillance, et de fusillades si affinités.
Pourtant, en bon fan de Jean-Pierre Melville, Michael Mann sait faire se ressembler le fugitif et le pisteur, qui ne vivent que dans la poursuite, et il (s')offre quand même cet étonnant (premier) face-à-face, où les deux cadors se déclarent leur respect mutuel et le vide de leur vie, tout en se promettant que l'un tuera l'autre.
"All I am is what I'm running after", déclare même plus tard le flic Hannah, joli double sens qui souligne à la fois l'importance de sa quête et sa ressemblance avec son gibier.
Mais bon, chez Melville, quand même, on en disait moins.
Et c'est peut-être là que ça coince parfois, à l'image d'un Pacino en surchauffe, qui en fait des caisses dans la parade du flic que rien n'étonne, avec ses chewing-gums, ses grands gestes, ses yeux hagards. ses poses à la coule. Dommage, parce qu'il est vraiment impec dans ces scènes de planque interminable dans la nuit, la conscience sur le fil du rasoir, le corps tendu comme un arc, alors que plus rien ne compte que la traque, la vraie, celle dont chacun sait que les deux ne se relèveront pas.
De Niro, de son côté, est magistral en panthère noire du hold-up (cf. la scène où il se glisse dans l'obscurité pour faire le guet, puis le regard de fauve qu'il jette au camion de surveillance des flics qu'il vient de repérer), chaque regard, chaque mot, chaque geste à l'essentiel.
Comme souvent chez Mann, la ville est un personnage à part entière, enveloppée d'éclats de bleus néon et de brumes de guitares, notamment dans cet aéroport fantomatique, où se jouera l'ultime confrontation, ballet d'ombre et de lumière pour un duel sans gloire à l'issue inéluctable.
Un (très bon) galop d'essai avant le chef d'oeuvre Collateral avec Tom Cruise, dix ans plus tard.
Et ouf, je suis repassé du côté du gangster !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire