mardi 31 octobre 2017

SOIRÉE 3 FILMS (7) - Concept "Vengeurs (dé)masqués"

 1) "Mission: Impossible - Rogue Nation", de Christopher McQuarrie
Pour faire au moins aussi bien que les précédents, chaque Mission: Impossible se doit d'offrir quelque chose de plus, de nouveau, d'inattendu, dans les cascades, personnages, méchant, gadgets ou autres. L'arme fatale de ce numéro 5 a un nom, et c'est un des plus beaux jamais entendus à l'écran : Ilsa Faust - Ilsa, en hommage quasi explicite à l'Ilsa Lund de Casablanca et Faust, même si ce n'est pas au diable qu'elle vend son âme, mais aux services secrets britanniques, ce qui ne vaut guère mieux.
Insaisissable et ultra-compétente, au combat à mains nues et au guidon d'une BMW S 1000 R, Ilsa Faust est le Ethan Hunt au féminin qu'on espérait depuis longtemps, avec, en plus, le mystère, les fausses pistes, les trahisons, même si on ne doute pas vraiment que sa loyauté ira finalement à l'agent du IMF. Pour preuve, ce regard qu'elle pose sur lui, alors que tout espoir semble perdu et que rien ne semble pouvoir empêcher le méchant mégalomane et terrifiant de triompher, ce regard qui n'en revient pas qu'Ethan Hunt ait finalement une dernière carte à jouer, ce regard d'admiration éperdue, je le connais bien : j'ai le même pour Tom Cruise à chaque film ;)

2) "Captain America : Civil War", de Anthony et Joe Russo

Le plus sombre des films de la saga Avengers, Iron Man en oublie même de balancer les répliques acerbes qui ont fait sa légende. Pas de super vilain invulnérable, mais - et c'est pire - un désaccord profond entre les héros, qui mène au désastre. Les séquences d'action sont époustouflantes, l'histoire et les dialogues sont parfaitement ficelés - difficile de savoir de quel côté on est -, et les super héros sont - heureusement - trop humains pour ce qu'on attend d'eux.
Un nouveau chapitre essentiel dans l'histoire des blockbusters dopés aux super-pouvoirs et... à la super-intelligence !



3) "Sucker Punch", de Zack Snyder
D'une inventivité et d'une puissance visuelle absolument sidérantes, Sucker Punch est - à la cinquième vision - toujours une œuvre magistrale, magique, inclassable et indépassable. Et je suis totalement sous le charme de ce gang de poupées de choc, gunfighteuses et samouraïs, tragiques et sexy, vulnérables et impitoyables, gladiatrices sacrifiées, jusqu'au bout de leurs rêves et de leurs vies.

lundi 30 octobre 2017

SOIRÉE 3 FILMS (6) - Concept "Démons et merveilles"

1) "Conan le barbare", de John Milius
Conan le barbare porte avec lui deux réputations antagonistes : celle d'un film de brute décérébrée, et celle d'un monument de l'heroic fantasy au cinéma. Alors, qui a raison ?
Eh bien, tout le monde !
On ne peut en vouloir à personne de ne voir dans cette succession d'affrontements sanglants, de regards menaçants, de biceps saillants, de fracas d'épées, qu'une galerie un peu vaine de combats de barbares déchaînés.
Pourtant, au-delà de tous ces aspects (réels (et réussis!)) du film, s'en cache un autre, ambitieux et maîtrisé.
Dès les premières minutes, c'est la fabuleuse musique de Basil Pouledouris, très inspirée des Carmina Burana de Carl Orff, qui nous cloue au fauteuil : épique et majestueuse, elle apporte au film la flamboyance des chefs d’œuvre. Les dialogues, qu'on attendait lourdauds et prévisibles, se teintent volontiers de noire poésie, dans les passions et dans les morts ("Let me breathe my last breath into your mouth"), dans les prières et dans les menaces ("When I am gone, you will have never been."). Les seconds rôles, forcément moins musculeux et moins mythiques que le héros légendaire, sont remarquables : James Earl Jones, dans le rôle casse-gueule du méchant-qui-rigole-pas-et-qui-se-transforme-en-serpent-géant-si-on-l'emmerde, est tellement bluffant de sérieux et d'intensité qu'on en oublie de le trouver too much, et Sandahl Bergman est merveilleuse en voleuse badass amoureuse jusqu'au sacrifice. Enfin, et surtout, comment ne pas admirer la présence ahurissante d'Arnold Schwarzenegger, véritable bête humaine, au jeu bien plus subtil qu'il n'y paraît. À condition, encore une fois, de bien vouloir le voir.

2) "Cowboys & Aliens", de Jon Favreau
Sur le papier, ça peut faire marrer : un western dans les règles de l'art, à la limite du cliché, cowboy mutique et minéral, outlaws crasseux et patibulaires, propriétaire terrien irascible et richissime, tenancier de saloon timoré et nul au tir, Indiens fiers et courageux, prostituée mystérieuse au grand cœur ; mais aussi des aliens terrifiants, machines à tuer dégoulinantes et quasi invincibles, à la puissance de feu et de rage hallucinantes. Ridicule ?
Tu parles.
Cowboys & Aliens est le meilleur space opera jamais vu - sauf que l'espace, ici, c'est le Texas.



3) "Les dents de la mer", de Steven Spielberg
Comment c'est possible que je continue à avoir les jetons dans mon canapé bien au sec, alors que je connais par cœur quasiment chaque plan, chaque mot de dialogue, chaque note de la bande originale ? Sûrement parce que c'est le meilleur film de monstre de l'histoire du cinéma ! Et pourtant il y en a des bons !
Le moment le plus flippant ? Quand Quint, qui a jusque là affiché son arrogance et sa suffisance, persuadé malgré les difficultés d'accrocher finalement la mâchoire de ce requin géant à son tableau de chasse, et qui vient de balancer, encore sûr de lui pour quelques instants, qu'"il ne peut pas pas plonger, pas avec trois tonneaux sur le dos", voit disparaître la bête sous les flots. Son regard incrédule en dit long : il est temps d'avoir vraiment peur, on va tous y rester. Et ça, les effets spéciaux ne le remplaceront jamais.