Clairement l'épisode le plus réussi de la trilogie maudite du démiurge irascible George Lucas. Ce qui ne veut pas dire grand chose tellement les épisodes I et II sont moyens. Pas nuls, non, mais moyens. Disons qu'il y a du bon, voire du très bon, dans les trois, et que c'est dans cette "Revanche des Sith" qu'il y en a le plus.
Le bon :
- le complot et les machinations politiques, très bien menées depuis le début de la trilogie (c'est certainement l'aspect le plus étonnamment réussi de la trilogie), trouvent là leur point d'orgue, dans la violence et la légalité. La plus belle réplique de l'épisode revient à Padmé, au Sénat Galactique : "Alors c'est ainsi que meurt la liberté. Sous un tonnerre d'applaudissements."
- le méchant Général Grievous, qui créé le concept jamais vu de droïde souffreteux. Ça peut faire sourire, mais il est pas si mal, avec ses quatre bras armés de sabres lasers, même s'il commet l'erreur habituelle des méchants d'opérette : il demande à ses deux cent cinquante mille droïdes soldats de ne pas exécuter Obi-Wan comme un taun-taun, et de le lui laisser. Ah ah ah, big mistake!
- la bataille spatiale du début, qui rappelle que si Lucas est un scénariste/dialogue assez calamiteux, il reste un réalisateur doué : le plan-séquence qui ouvre le film est à couper le souffle!
Le très bon :
- les scènes de massacre des Jedis, qu'on n'osait pas espérer aussi noires, et qui sentent bon le côté obscur.
- les duels finaux simultanés Yoda/Sidious et Kenobi/Skywalker. J'attendais beaucoup de ces deux face-à-face, l'un pour le combat des chefs, l'autre pour la fin d'Anakin, et je ne suis pas déçu. Yoda est incroyable en lutin de choc, acrobaties vertigineuses et regards pénétrants, Jedi de fou, sans colère jusqu'au bout, joli coup. Obi-Wan est impec aussi en maître meurtri, qui abandonne son ami aux flammes et à sa folie auto-destructrice, après un combat très bien mené.
- la réparation du corps fracassé d'Anakin en Darth Vader, très attendu lui aussi, qui s'annonçait comme le too much du too much, et qui, bizarrement, passe bien.
Le moins bon :
- le personnage de Padmé, totalement sous-exploité, à qui la toujours ravissante et convaincante Natalie Portman peine à donner de l'épaisseur, et dont la mort incompréhensible est à la limite du ridicule (comme l'ensemble de son pseudo-amour fou avec Anakin depuis le début : voir pour ça la scène de séduction dans la fausse herbe numérique de l'Episode II).
- Mais, mais, regardez, c'est Chewbacca, mais oui, c'est bien lui ! Et Solo, il est pas là ? Bébé, peut-être ? Dommage d'avoir voulu la jouer (encore) cohérence-cohérence, parce que les Wookies sont bien crédibles en derniers bastions de résistance au futur Empire. Mais Chewbacca, merde, c'était pas la peine !
- Autant Ian McDiarmid est parfait en fourbe et calculateur Sénateur Palpatine, autant il en fait des caisses en Empereur difforme et content de lui : on s'attend à des yark-yark-yark dignes d'Izogoud à chaque réplique.
Bref, merci aux Dieux de la Galaxie Lointaine, Très Lointaine d'avoir soufflé à George Lucas qu'il était temps de passer la Force à Disney, et merci à Disney d'avoir choisi J.J. Abrams, qui a réalisé le meilleur épisode de toute la saga, et qui ne s'arrêtera sans doute pas là.
2) Serenity, de Joss whedon (2005)
C'était la meilleure série du monde, c'est devenu un des meilleurs films du monde.
Pas encore aux commandes de la formidable franchise Avengers de Marvel, Joss Whedon a troussé un space western opera qui a tout pour être mythique, plus encore d'après moi que n'importe quel Star Wars (bon, d'accord, pas celui de J.J. Abrams), dans un univers parfaitement cohérent et définitivement excitant (à défaut d'être véritablement original), où chaque planète a des airs de Gattaca en Arizona.
Des personnages de cow-boys galactiques (et ce ne sont pas que des mecs) tout en nuances d'héroïsme et de cynisme, une histoire en béton armé, des méchants bien monstrueux, un nemesis fascinant de sauvagerie courtoise, des décors bien réalistes (le vaisseau, crado et fonctionnel), des dialogues tellement bien écrits (et bien balancés) que l'intégralité mériterait de figurer dans les quotes d'IMDB, une mise en scène virtuose (cf. le plan-séquence de générique, et c'est pas du numérique, c'est du De Palma dans l'espace!), et une direction d'acteurs magistrale de malice, d'ironie et de talent : josswhedonesque, en somme !
3) Cowboys & Aliens, de Jon Favreau (2011)
Ah, cette scène d'ouverture (quasiment telle quelle en bande-annonce, tellement elle dit déjà à quel point ce film sera génial), avec ce Daniel Craig désorienté mais d'un magnétisme animal absolument ahurissant (j'en ai encore des frissons en l'écrivant, que quelqu'un m'abatte !), une baston éclair qui sent le cuir qui craque et le poussière qui acre (ça veut rien dire, c'est pour le rythme de la phrase ;), et tout est dit : C&A sera un western d'anthologie, et ce, même si des aliens terrifiants de sauvagerie et de vélocité ne venaient pas en secouer les cactus et cabrer les chevaux (si, là, c'est bon, ça veut dire quelque chose, relis bien ;)
Et ce n'est pas tout ! On dira ce qu'on voudra du jeu d'acteur de Harrison Ford (il joue toujours pareil, disent certains, et ce n'est pas tout à fait faux : ce Colonel Dolarhyde est un peu beaucoup Han Solo avec un chapeau de cowboy ou Indiana Jones avec... un autre chapeau), mais le vieux cabot reste un des mecs les plus chouettes du monde à regarder sur un grand écran : ses mimiques, grimaces, et autres regards en coin sont une inépuisable source de réjouissances de spectateur, ici comme ailleurs !
Et Olivia Wilde est très bien aussi, avec sa robe Carolyn Ingalls, son colt à la ceinture, ses yeux bleus transparents et son passé mystérieux jusqu'à la magie.
Et je pourrais continuer comme ça, tant tout ici est réussi, du moindre personnage secondaire (qui a reconnu le Durgan derrière ses petites lunettes de prêcheur que plus rien n'étonne ? Qui a reconnu Walton Goggins, le nouveau chouchou des westerns de Tarantino ?) au plus petit élément de décor, vaisseau spatial et saloon enfumé (ou ce bateau à aube fracassé à l'envers "à 800 km de la plus proche rivière capable de l'accueillir", vision de noire poésie digne de Tim Burton ?)
Un chef d'oeuvre, pour moi.
Pas de numéro 2, mister Favreau ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire