samedi 30 juillet 2016

MON HELLFEST 2016 : Jour 2

Retour en début d'après-midi pour une deuxième journée un peu plus chargée que la première. Changement de costume aussi : après le T-shirt Nightwish Hellfest Clisson 2015 arboré hier et acheté l'année dernière au merchandising officiel (qui proclame à grand cris "J'y étais!" ; on s'est d'ailleurs reconnu hier matin au même stand avec un festivalier arborant les mêmes couleurs), aujourd'hui, c'est haut-de-forme, veste croisée à boutons dorés et... débardeur Hellfest 2014 ("J'y étais!").
Malheureusement, et malgré mes espoirs que l'attente soit moindre qu'au matin du premier jour, les faits sont là, et la file d'attente aussi. Moins dense, moins longue, mais quand même sacrément emmerdante. En plus, on se démerde mal avec Fabrice, on est placé derrière une bande de pas-pressés qui se laissent doubler dans la masse, et on se retrouve au couloir de ganivelles cinquante personnes derrirère les chevelus qui nous talonnaient au départ. Comme dira plus tard Yves-Marie : "il faut se mettre derrière des filles, il y en a moins, elles passent plus vite la fouille." Oui, sauf qu'on n'y a pas pensé et qu'Yves-Marie est arrivé avec sa tactique cinq minutes plus tôt, a dix mètres d'avance dans la file, entre donc sur le site quinze minutes avant nous et ne rate pas comme moi la première chanson du set de Sixx A.M. ("This is Gonna Hurt", un super choix de morceau d'ouverture).
Heureusement, après la fouille et un sprint, je me place dans la foule pas très compacte et ne manque rien du reste de ce choix ultra pro, hymnes fédérateurs d'american rock trop bien foutus, en particulier les extraits du dernier album, que je ne connais pas trop, mais qui claquent bien comme il faut sur scène (un "Pray For The Damned" du feu de Dieu) - merci à un son impec qui permet d'écouter et de découvrir, plutôt que de s'arracher les oreilles à essayer de reconnaître. Et ce sera vrai pour toute la journée, comme hier, et demain aussi : cette édition 2016 s'écoute très (très très) fort (impossible de s'entendre, même à la porte du "Kingdom of Muscadet", à deux cent mètres des scènes), mais très très bien.
Même les titres que je n'écoute pas vraiment sur disque me bluffent ("Lies Of The Beautiful People"), et le single "Stars" balaie tout sur son passage. James Michael a la classe américaine, Nikki Sixx cache ses rides sous un maquillage Apache-du-Futur du plus bel effet, D.J. Ashba, hiératique comme un samouraï, donne une leçon à tout le monde, et personne ne connaît le batteur (normal : sur disque, Michael chante, gratte la rythmique, écrit, produit, arrange, et... cogne les fûts. Vous avez dit "surdoué"?).


Après cette bonne claque, qui me laisse chantant et sautant sur place jusqu'à la première bière, on retrouve Yves-Marie, la tête dans les "Stars" de Sixx A.M. aussi, avant de se replacer pour regarder de loin Foreigner, dont je n'attends que le "I Want To Know What Love Is", sans illusion : ce sera la dernière, ça risque d'être un peu long.
Eh bien,  pas du tout : alors qu'il fête ses quarante ans cette année, Foreigner n'est pas du tout un groupe de salle des fêtes, et assure un show énergique et sans temps mort (avec trois guitaristes, quand même). Alors, bien sûr, il ne reste plus du "vrai" groupe que le guitariste Mick Jones, mais le chanteur Kelly Hansen (aucun lien, il est fils unique), avec ses faux airs de Steve Lee, assure grave, et les autres (dont personne n'a rien à foutre, honnêtement) font du bon boulot aussi. Et puis, finalement, il n'y a pas que "I Want To Know What Love Is" ! Fabrice est tout surpris de reconnaître un titre sur deux ("Hé ! Ça aussi, je connais, et j'aime bien aussi !"), et "Juke Box Hero", que j'avais oublié, fait son petit effet.
Et quand arrive enfin LE hit, on est tous à bloc, et Hansen n'a qu'un mot à dire pour qu'on se retrouve tous épaule contre épaule, enlacés comme des Irlandais au bar un soir de victoire au rugby, Fabrice, Yves-Marie, son pote et moi, à chanter notre désir de connaître l'amour. Je démarre trop tôt ("I gotta take a little time") et ça fait bien marrer la milf devant moi (soit parce que je chante assez bien pour ne pas lui gâcher son moment, soit parce qu'elle s'en fout du moment (on est quand même aux derniers des derniers rangs, pas trop de die-hard fans en vue), soit parce que je n'ai déjà plus de voix (avec les bouchons d'oreille, je ne m'entends pas). En tout cas, tout le site fait sa part, et le hymne du Hellfest 2016 est là.


Deuxième bière, et on revient pour Within Temptation, pas trop tard pour être bien placé, parce que Sharon Den Adel sera belle et bien habillée (et oui, aussi, elle chante merveilleusement bien : si on veut seulement les deux premiers, on va voir Alissa White-Gluz d'Arch Enemy, mais dans un autre genre (genre grunteuse steam punk).
En attendant, c'est Disturbed sur la scène d'à côté, et... comme d'habitude, ce n'est pas du tout ce que je croyais, et comme le son est géant, on peut écouter, et découvrir, et trouver ça... moyen. Je suis quand même cueilli par cette reprise aussi inattendue que frissonnante du "Sound Of Silence" de Simon & Garfunkel, mais c'est surtout quand David Draiman appelle ses potes de Sixx A.M. qu'il se met tout le monde dans la poche, pour un "Shout At The Devil" d'anthologie, forêt de bras levés et refrain scandé à pleins poumons par un site déchaîné ("Shout! Shout! Shout!") : le deuxième hymne du Hellfest 2016 (même pas une heure après le premier!). Et quand Draiman remet ça avec Glenn Hughes pour "Baba O'Reilly" (On est entre connaisseurs, personne ne lâche sérieusement : "Hé ! C'est "Les experts"!), c'est carrément du délire, et je me retrouve à attraper les épaules du vieux rocker à mes côtés pour beugler notre "Out Here In The Fields ! I Fight For My Meals !". Après ça, on attend quasiment un "Whole Lotta Love" avec Joe Satriani en guest, mais c'est un "Killing In The Name" ultra fédérateur qui déboule (mais qui me laisse un peu plus tiède, moins fan que je suis du rap/funk/punk/metal de Rage Against The Machine (qui sent la tête d'affiche pour 2017, non ? À voir la réaction du public aujourd'hui, ça paraît une bonne idée, en tout cas (pour les organisateurs, je veux dire, bof pour moi (je sens qu'Anne va encore m'engueuler en lisant ça ;)))


Encore quelques "vrais" titres de Disturbed ensuite, qu'on écoute maintenant avec plus d'attention, et qu'on trouve cette fois... encore moyens, et c'est l'heure du metal symphonique gracieux de Within Temptation.
Sans album à promouvoir ("Hydra" date de début 2014), WT joue sans autre contrainte que faire plaisir au public (et éventuellement vendre quelques exemplaires supplémentaires de leur disque live sorti l'année dernière ;) et attaque avec un titre d'un album que je ne connais pas, mais comme Sharon est belle et bien habillée (et que le son est, encore une fois, très bon), j'écoute et j'attends la suite. Et quelle suite ! Trois titres pour moi ("Je t'ai grillé à bien connaître", lâchera un Yves-Marie goguenard), dont le toujours surprenant "And We Run" avec le guest rappeur Xzibit, pas là pour de vrai, WT s'étant fait une spécialité des guests projetés sur écran géant en fond de scène (pour un effet pas toujours réussi, d'ailleurs).
Sauf quand arrive le très attendu "Paradise (What About Us?)", puisque Tarja Turunen, en guest sur la version studio, joue le lendemain sur cette même scène, et que le Facebook de WT n'a pas trop laissé de doute sur l'"apparition-surprise" de la ex-diva de Nightwish. À tel point que Sharon Den Adel ne trouve pas vraiment les mots pour l'annoncer, hésitant entre le "Vous-l'attendez-tous" et le "Devinez-qui-voilà!". Résultat : un vieux blanc, et une entrée un peu ratée pour Tarja. Ceci dit, même si la chanteuse de WT avait bien géré le coup, Tarja se serait très bien débrouillée toute seule pour saloper son arrivée, puisqu'elle reste la frontwoman empotée qu'elle a toujours été, sourire niais et coucous de cour de récréation. Heureusement, elle chante comme une reine (dans un genre cantatrice d'opéra que je trouve insupportable) et emporte bon gré mal gré l'adhésion du public. Joli coup quand même pour WT, qui crée l'événement, mais mauvais coup pour Tarja, que je n'irais finalement pas voir demain, découragé d'avance par ses envolées vocales de Castafiore.


On reste en place pour ne rien rater de Twisted Sister, qui jouera sur la même scène dans une heure et quelques, et on craque une oreille vers Bring Me The Horizon, le groupe de djeunes de la journée (plus d'ados aujourd'hui sur le site que d'habitude, comme pour Papa Roach en 2013), qui envoie avec fougue son metalcore qui décoiffe (et qui ne m'intéresse pas trop).
Le soir tombe, et le fameux "It's A Long Way To the Top (If You Wanna Rock n' Roll)" d'AC/DC annonce comme toujours l'entrée en scène de Twisted Sister, sur des images d'archive hautes en couleurs, qui font monter la pression dans une foule déjà chauffée à blanc. C'est que Twisted Sister s'apprête à donner là son ultime show en France, promis-juré, après c'est fini, mais pas fini comme Judas Priest (qui annonce un nouvel album aux premières dates de la tournée d'adieu) pas fini comme Scorpions (qui prolonge sa tournée d'adieu depuis... cinq ans et deux nouveaux albums studios), ou comme Ozzy (qui annonce sa retraite depuis 1991, quand même). 
Trêve de médisances, Twisted Sister n'est pas du genre à jouer les faux départs, ils tournent depuis trente ans avec seulement cinq albums dans la poche, sortis entre 1982 et 1987 (plus six best-ofs!), et donnent à chaque fois un pur moment de délire rock n' roll, avec son diable de frontman Dee Snider et ses hymnes à la gloire de leur (et notre) musique chérie ! Jugez plutôt : "You Can't Stop Rock n' Roll", "I Wanna Rock", "I Believe In Rock n' Roll", et surtout le phénoménal "We're Not Gonna Take It", que le géant blond annonce, après nous avoir fait chanté à pleins poumons, par un "I think they're ready" déjà mythique. 
Comme en 2013, à la fin du morceau, déjà rallongé à plaisir par un Dee Snider qui ne s'en lasse apparemment pas, le public en veut encore et encore, on relance le refrain, mais on rate le coche ce coup-ci en ne démarrant pas tous ensemble, et Dee Snider lui-même est obligé de recaler les troupes ("Well, that's a little uneven."). En 2013, c'est bien le public qui avait donné le tempo et le groupe avait enchaîné! Dommage, mais tellement fun de toute façon ! Encore un "I Wanna Rock" fou furieux, et une surprise nous tombe dessus : le chanteur se fait soudain humble (et c'est une entreprise qui demande de l'envergure, quand on est un tel monstre de scène) et appelle à ses côtés le vétéran Phil Campbell, guitariste légendaire de Mötorheäd, pour un "Shoot 'Em Down" dédié à Lemmy Kilmister. C'est alors un moment assez étrange qui se déroule sous nos yeux, les-dits yeux étant tous braqués sur le petit guitariste (par la taille!), un peu embarrassé de la présence écrasante des sauvages Sisters, qui se font tous le plus sage possible (Mendoza en arrête même de claquer la gueule de son manche de basse), mais brillant d'une aura mélancolique très émouvante. Plus à l'aise sur le fondamental "Born To Raise Hell" de Mötorheäd, Phil Campbell finira sous les acclamations qu'il mérite, et qu'il reçoit autant pour sa prestation que pour son statut de frère d'armes survivant de Lemmy.


Le feu d'artifice-hommage au chanteur disparu quelques mois plus tôt arrive alors à point nommé et ce sont 50 000 personnes qui pleurent leur metal hero de la seule façon possible : en beuglant "Ace of Spades" comme des ânes désespérés. Pourtant, le moment le plus touchant est encore à venir. Après le magnifique "RIP Lemmy" en lettres de feu, la foule reprend ses esprits et a commencé à se disperser, quand une voix d'outre-tombe s'élève timidement sur le site. 
Il me faut quelques secondes (et un mouvement de foule tout en douceur) pour comprendre qu'elle provient de la main stage encore plongée dans la pénombre du feu d'artifice. Quelques lumières de scènes, un projecteur respectueux, et Phil Campbell apparaît, au milieu des roadies de Twisted Sister qui s'arrêtent bientôt de démonter le set, et comme nous, s'approchent pour écouter un homme pleurer son copain.
Et je pleure avec lui.
Après ça, Korn peut bien aller se faire foutre.
A demain.


SOIRÉE CINÉ 2 FILMS (5) - concept "De Niro en 1995 dans des films de 3 heures"

1) Casino, de Martin Scorsese (1995)
J'avais adoré Casino à sa sortie, De Niro et ses costumes multicolores, veste vert pomme sur chemise et cravate orange, Pesci et ses coups de téléphones au travers de la gueule de ceux qui l'emmerdent, Sharon Stone bonne actrice sans montrer sa culotte, Scorsese et sa mise en scène épique et nerveuse, les explosions de sauvagerie, les éclats de noirceur, l'autopsie quasi documentaire de la machine à fric sale de Las Vegas, la bande-son classic rock seventies sans faute, c'était tout bon, je l'ai vu et revu je ne sais combien de fois, avec le même plaisir coupable, coupable de finalement bien aimer cette bande de dégénérés du flingue, du cœur et du pognon.
Mais pas cette fois.
OK pour l'épopée sanglante et malfaisante des Ritals dans le désert, OK même pour la violence professionnelle et crue, mais la brutalité sèche du couple Rothstein m'a vraiment dérangé. Pas parce que c'est mal mené (même s'ils se malmènent l'un l'autre ;), au contraire, De Niro et Stone sont stupéfiants de justesse, qu'ils jouent l'attirance, la méfiance, la soumission, la répulsion, la trahison, la colère, le répit, l'abandon, ils sont parfaits. Tellement parfaits qu'on voudrait que ça s'arrête, ou qu'ils commencent à s'entre-tuer pour de vrai (mais j'ai regardé les deux Kill Bill à la suite hier, alors c'est peut-être pour ça ;)
Pareil pour Nicky Santoro (Joe Pesci), qui, du haut de son mètre cinquante de vanité, de grossièreté et de fureur, ne m'a pas cette fois fait (avoir honte de me) marrer comme avant, mais il m'est plutôt apparu comme la petite frappe sans cervelle et sans honneur qu'il est.
Merde, à quarante ans, je ne craque plus pour les gangsters, je suis passé du côté du F.B.I. !



2) Heat ,de Michael Mann (1995)
Heat, c'est d'abord la rencontre au sommet des deux géants Pacino et De Niro, qu'on n'avait encore jamais vus ensemble, et qu'on ne verra finalement pas beaucoup ensemble dans ce film : l'un est le braqueur de banques, l'autre le policier d'élite lancé à sa poursuite, ça donne surtout des moments de surveillance, et de fusillades si affinités.
Pourtant, en bon fan de Jean-Pierre Melville, Michael Mann sait faire se ressembler le fugitif et le pisteur, qui ne vivent que dans la poursuite, et il (s')offre quand même cet étonnant (premier) face-à-face, où les deux cadors se déclarent leur respect mutuel et le vide de leur vie, tout en se promettant que l'un tuera l'autre.
"All I am is what I'm running after", déclare même plus tard le flic Hannah, joli double sens qui souligne à la fois l'importance de sa quête et sa ressemblance avec son gibier.
Mais bon, chez Melville, quand même, on en disait moins.
Et c'est peut-être là que ça coince parfois, à l'image d'un Pacino en surchauffe, qui en fait des caisses dans la parade du flic que rien n'étonne, avec ses chewing-gums, ses grands gestes, ses yeux hagards. ses poses à la coule. Dommage, parce qu'il est vraiment impec dans ces scènes de planque interminable dans la nuit, la conscience sur le fil du rasoir, le corps tendu comme un arc, alors que plus rien ne compte que la traque, la vraie, celle dont chacun sait que les deux ne se relèveront pas.
De Niro, de son côté, est magistral en panthère noire du hold-up (cf. la scène où il se glisse dans l'obscurité pour faire le guet, puis le regard de fauve qu'il jette au camion de surveillance des flics qu'il vient de repérer), chaque regard, chaque mot, chaque geste à l'essentiel.
Comme souvent chez Mann, la ville est un personnage à part entière, enveloppée d'éclats de bleus néon et de brumes de guitares, notamment dans cet aéroport fantomatique, où se jouera l'ultime confrontation, ballet d'ombre et de lumière pour un duel sans gloire à l'issue inéluctable.
Un (très bon) galop d'essai avant le chef d'oeuvre Collateral avec Tom Cruise, dix ans plus tard.
Et ouf, je suis repassé du côté du gangster !


vendredi 29 juillet 2016

SOIRÉE CINÉ 2 FILMS (4) - concept "Rêve ou réalité ou rêve ou réalité?"

1) Inception, de Christopher Nolan (2010)
C'est avec Christopher Nolan que tout a changé. Et je dis ça sans même être un fan. Comme tout le monde, je n'ai vu qu'un seul de ses trois Batman (le second, The Dark Knight, avec l'inoubliable Joker d'Heath Ledger), et comme tout le monde, je n'ai rien compris à Memento.
Mais quand même, on est forcé de reconnaître que c'est lui qui a rendu le blockbuster aussi intelligent que hors de prix. Avant Nolan, on avait Michael Bay. C'était marrant et bien foutu, mais on n'en sortait pas pareil qu'après Insomnia, Interstellar ou ce Inception (Oui, Christopher Nolan fait surtout des films qui commencent par In-) : à savoir, émerveillé, mal à l'aise, touché, désorienté, mais surtout MOINS CON ! Pourquoi ? Parce qu'en accompagnant Christopher Nolan dans ses limbes merveilleusement tortueuses, on a l'impression (sûrement erronée, mais tellement agréable) de s'être frayé un chemin au plus profond de soi-même, et d'en avoir un peu poussé les murs. Et on n'y serait sûrement pas parvenu sans lui. Et d'ailleurs, on n'aurait même pas eu l'idée de le faire. (Et j'en connais qui préféreraient ne pas l'avoir fait ;)
Impossible de s'attarder sur les méandres d'Inception sans risquer d'en briser la magie, c'est un film qu'on ne peut (croire) comprendre qu'avec le cœur, alors j'en reste là. Mais quand même, une question : pour vous, elle s'arrête de tourner, la toupie, à la fin ?



2) Sucker Punch, de Zack Snyder (2011)
D'abord, il y a la sidérante mise en images d'un univers fascinant (ou plutôt trois!), entre fantasmagorique et réalisme.
Il y a aussi la bande originale, inclassable, faite de pop songs bien connues magnifiquement revisités par Marius De Vries, quelque part entre le metal hurlant de Matrix et la pop envoûtante de Morcheeba. À la première vision, l'ouverture, tragique et vaporeuse comme un cauchemar, sous un "Sweet Dreams Are Made Of This" féérique et vénéneuse comme un mauvais sort, m'a laissée sonné, bouche bée, la pizza à la main, ahuri que j'étais d'avoir cru à une série B sexy et décérébrée, à un Tarantino revu et corrigé par Judd Apatow.
Et puis, et surtout, il y a ces cinq filles, personnages sommaires jusqu'au cliché, et pourtant radicalement inoubliables, aussi touchantes en pin-up de salon clos que bluffantes en action girls (presque) invulnérables.
L'oeuvre maîtresse d'un auteur au sommet de son art.


SOIRÉE CINÉ 3 FILMS (3) - concept "Avengers"

1) Avengers, de Joss Whedon (2013)
Quelle idée de génie de Marvel Studios d'avoir confié son plus gros coup à Master Whedon ! Quand j'ai appris la nouvelle, je n'arrivais pas à y croire : lui qui avait vu sa série Firefly annulée au bout de 14 épisodes parfaits, son projet chez DC d'adaptation de Wonder Woman avorté en pré-production (avec Cobie "Robin Scherbatsky" Smulders, que le malin Joss emmènera avec lui chez Marvel pour être sa Mariah Hill), son désir de réaliser un Harry Potter proprement ignoré, le voilà qui signe avec Marvel pour le plus incroyable des défis de son Cinematic Universe.
Il n'a pas fait le boulot tout seul, quand même : les films consacrés à chaque héros valait leur pesant de pierres d'infinité, mention spéciale aux fantastiques Captain America, pas gagnés d'avance avec un personnage étoilé et patriote un peu démodé (mais avec un Chris Evans particulièrement inspiré et convaincant).
Au rayon nouveautés du casting, pour que Avengers ne soit pas QUE la rencontre au sommet des Dieux de Marvel, on a Hawkeye et Black Widow. Jeremy Renner, déjà extra dans les deux derniers Mission:Impossible (au point que la Paramount avait pensé à lui pour remplacer Tom Cruise, les fous !), est formidable ici aussi en tireur à l'arc infaillible. Et bravo à Marvel d'avoir choisi la sublime Scarlet Johansson, qu'on ne s'attendait pas forcément à trouver là, pour interpréter la troublante Black Widow, qui n'a pas (encore) eu droit à son film, mais qui est la seule à être un peu partout à la fois (ce qui correspond sacrément bien au personnage) : elle intervient aussi bien dans le parfait Captain america : le soldat de l'hiver que dans le moyen Iron Man 2 (sa séquence est la meilleure du film). Bonne nouvelle à ce propos : Si Joss Whedon a abandonné (plus ou moins volontairement) la franchise Avengers, il fait maintenant du pied à Marvel pour réaliser le premier film consacré à la Tueuse Rousse Russe (à dire tout haut et très vite ;).
Nouveauté quand même aussi chez les héros déjà vus : Marvel tâtonne depuis longtemps pour trouver le bon Bruce Banner (Eric Bana et Edward Norton n'ont pas transformé l'essai et Hulk est finalement le seul des Avengers à n'avoir pas eu son vrai bon premier film), et c'est ici Mark Ruffalo qui enfile le short en jean indestructible. Et il réussit le tour de force de faire exister son personnage au-delà du bon-c'est-bien-joli-tout-ça-mais-quand-est-ce-qu-il-va-se-transformer-et-tout-défoncer. Et laissez-moi vous dire ceci : après lui, il n'y aura JAMAIS d'autre Hulk.
L'histoire est très bien troussée aussi, on croit autant à la nécessité de cette association super-héroïque contre le déferlement de saloperies hostiles sur New York qu'à la quasi impossibilité à ces super égos de s'entendre (et pas seulement avec Hulk). La preuve qu'ils étaient déjà sacrément bien écrits avant ce film.
Et la mise en scène de Whedon est, comme d'habitude, inventive et virtuose. même si son empreinte aurait pu être moins lisible ici que dans ses précédentes œuvres, un peu cachée par les centaines de millions de dollars qui demandent d'y aller mollo sur l'ironie et la malice. Peine perdue, Joss Whedon est bien aux commandes, à tel point que Marvel sera plus explicite pour le 2, et ne lui en laissera pas le montage final.
En attendant, Avengers est le (deuxième) meilleur film de super-héros jamais réalisé !


2) Captain America : le soldat de l'hiver, de Joe et Anthony Russo (2014)
Avengers est le deuxième meilleur film de super-héros, parce que le premier, c'est celui-là !
Tout est parfait ici : le scénario, les effets spéciaux, le rythme, les cascades, les acteurs, les dialogues, ouah ! C'est simple, je ne peux pas développer, sinon je raconte tout le film, je récite les dialogues et je finis par envoyer l'ordinateur tournoyer et ricocher contre les murs de la bibliothèque.
Si vous ne devez voir qu'un film de super-héros, vous avez tort, mais ça devrait être celui-là. Mais par contre, vous n'y comprendrez rien, hein, parce que quand même, il faut avoir vu les autres ;)


3) Avengers : l'ère d'Ultron, de Joss Whedon (2015)
Après le premier Avengers, il fallait faire encore plus fort.
Alors, mission accomplie ?
Voyons ça.
- Le méchant ? Dans le premier, un Dieu d'Asgard avec une armée de Chitauri et quelques Léviathans galactiques, c''était déjà bien costaud, et Iron Man manquait y rester. Bon.
Cette fois, Ultron, c'est pire, et donc, c'est encore mieux.
Pas de spoiler, mais un indice : il aurait pu mettre sa raclée à la Matrice.
- Les personnages ? Deux nouveaux, les jumeaux Maximoff, annoncés en post-générique du Soldat de l'hiver, avec l'air tellement imbattables que je croyais que ce serait juste eux les méchants de ce nouveau Avengers. Finalement non, et c'est mieux comme ça, leur passé d'enfants meurtris ne suffisant à en faire des personnages aussi intéressant qu'Ultron. Mais question fight, c'est la bonne claquasse qu'on attendait, surtout Wanda, très convaincante dans le rôle assez casse-gueule de la lanceuse-de-boules-d'éclairs-qui-font-bien-mal-par-où-ça-passe.
De leur côté, les autres héros sont encore une fois très bien, aussi crédibles dans les scènes de virile camaraderie que dans les désaccords plus ou moins musclés, et Joss Whedon n'a pas son pareil pour filmer une scène de fin de soirée, col de chemise déboutonné et dernier verre à la main, et donner des airs de mes meilleurs copains à ces personnages surhumains.
- La mise en scène ? Un peu moins personnelle que dans l'épisode précédent, elle fait cette fois la part belle à des scènes de non-stop-action, auxquelles manque parfois peut-être un peu (je prends des précautions parce que c'est quand même un film super réussi) les moments de complicité ironique que la caméra mettait intimement entre ses héros et nous, comme pour dire oui-oui-il-va-VRAIMENT-faire-ce-truc-de-fou-là-maintenant-tout-de-suite, avec l'air de ne pas y croire elle-même. Mais le scénariste/réalisateur garde la main pour des purs moments whedonesques, dans le bourrin (l'hilarant "Go to sleep, go to sleep, go to sleep" d'Iron Man à Hulk pendant qu'il lui remplit la gueule de calottes démentielles) comme dans les breaks (les séquences dans la maison des Barton, où rien en se passe mais où tout est essentiel  (et dont Marvel ne voulait pas)).
Alors mission accomplie ?






mercredi 27 juillet 2016

SOIRÉE CINÉ 3 FILMS (2) - concept "Space Cowboy Opera"

1) Star Wars Episode III, de George Lucas (2004)
Clairement l'épisode le plus réussi de la trilogie maudite du démiurge irascible George Lucas. Ce qui ne veut pas dire grand chose tellement les épisodes I et II sont moyens. Pas nuls, non, mais moyens. Disons qu'il y a du bon, voire du très bon, dans les trois, et que c'est dans cette "Revanche des Sith" qu'il y en a le plus.
Le bon :
- le complot et les machinations politiques, très bien menées depuis le début de la trilogie (c'est certainement l'aspect le plus étonnamment réussi de la trilogie), trouvent là leur point d'orgue, dans la violence et la légalité. La plus belle réplique de l'épisode revient à Padmé, au Sénat Galactique : "Alors c'est ainsi que meurt la liberté. Sous un tonnerre d'applaudissements."
- le méchant Général Grievous, qui créé le concept jamais vu de droïde souffreteux. Ça peut faire sourire, mais il est pas si mal, avec ses quatre bras armés de sabres lasers, même s'il commet l'erreur habituelle des méchants d'opérette : il demande à ses deux cent cinquante mille droïdes soldats de ne pas exécuter Obi-Wan comme un taun-taun, et de le lui laisser. Ah ah ah, big mistake!
- la bataille spatiale du début, qui rappelle que si Lucas est un scénariste/dialogue assez calamiteux, il reste un réalisateur doué : le plan-séquence qui ouvre le film est à couper le souffle!
Le très bon :
- les scènes de massacre des Jedis, qu'on n'osait pas espérer aussi noires, et qui sentent bon le côté obscur.
- les duels finaux simultanés Yoda/Sidious et Kenobi/Skywalker. J'attendais beaucoup de ces deux face-à-face, l'un pour le combat des chefs, l'autre pour la fin d'Anakin, et je ne suis pas déçu. Yoda est incroyable en lutin de choc, acrobaties vertigineuses et regards pénétrants, Jedi de fou, sans colère jusqu'au bout, joli coup. Obi-Wan est impec aussi en maître meurtri, qui abandonne son ami aux flammes et à sa folie auto-destructrice, après un combat très bien mené.
- la réparation du corps fracassé d'Anakin en Darth Vader, très attendu lui aussi, qui s'annonçait comme le too much du too much, et qui, bizarrement, passe bien.
Le moins bon :
- le personnage de Padmé, totalement sous-exploité, à qui la toujours ravissante et convaincante Natalie Portman peine à donner de l'épaisseur, et dont la mort incompréhensible est à la limite du ridicule (comme l'ensemble de son pseudo-amour fou avec Anakin depuis le début : voir pour ça la scène de séduction dans la fausse herbe numérique de l'Episode II).
- Mais, mais, regardez, c'est Chewbacca, mais oui, c'est bien lui ! Et Solo, il est pas là ? Bébé, peut-être ? Dommage d'avoir voulu la jouer (encore) cohérence-cohérence, parce que les Wookies sont bien crédibles en derniers bastions de résistance au futur Empire. Mais Chewbacca, merde, c'était pas la peine !
- Autant Ian McDiarmid est parfait en fourbe et calculateur Sénateur Palpatine, autant il en fait des caisses en Empereur difforme et content de lui : on s'attend à des yark-yark-yark dignes d'Izogoud à chaque réplique.
Bref, merci aux Dieux de la Galaxie Lointaine, Très Lointaine d'avoir soufflé à George Lucas qu'il était temps de passer la Force à Disney, et merci à Disney d'avoir choisi J.J. Abrams, qui a réalisé le meilleur épisode de toute la saga, et qui ne s'arrêtera sans doute pas là.


2) Serenity, de Joss whedon (2005)
C'était la meilleure série du monde, c'est devenu un des meilleurs films du monde.
Pas encore aux commandes de la formidable franchise Avengers de Marvel, Joss Whedon a troussé un space western opera qui a tout pour être mythique, plus encore d'après moi que n'importe quel Star Wars (bon, d'accord, pas celui de J.J. Abrams), dans un univers parfaitement cohérent et définitivement excitant (à défaut d'être véritablement original), où chaque planète a des airs de Gattaca en Arizona.
Des personnages de cow-boys galactiques (et ce ne sont pas que des mecs) tout en nuances d'héroïsme et de cynisme, une histoire en béton armé, des méchants bien monstrueux, un nemesis fascinant de sauvagerie courtoise, des décors bien réalistes (le vaisseau, crado et fonctionnel), des dialogues tellement bien écrits (et bien balancés) que l'intégralité mériterait de figurer dans les quotes d'IMDB, une mise en scène virtuose (cf. le plan-séquence de générique, et c'est pas du numérique, c'est du De Palma dans l'espace!), et une direction d'acteurs magistrale de malice, d'ironie et de talent : josswhedonesque, en somme !


3) Cowboys & Aliens, de Jon Favreau (2011)
Ah, cette scène d'ouverture (quasiment telle quelle en bande-annonce, tellement elle dit déjà à quel point ce film sera génial), avec ce Daniel Craig désorienté mais d'un magnétisme animal absolument ahurissant (j'en ai encore des frissons en l'écrivant, que quelqu'un m'abatte !), une baston éclair qui sent le cuir qui craque et le poussière qui acre (ça veut rien dire, c'est pour le rythme de la phrase ;), et tout est dit : C&A sera un western d'anthologie, et ce, même si des aliens terrifiants de sauvagerie et de vélocité ne venaient pas en secouer les cactus et cabrer les chevaux (si, là, c'est bon, ça veut dire quelque chose, relis bien ;)
Et ce n'est pas tout ! On dira ce qu'on voudra du jeu d'acteur de Harrison Ford (il joue toujours pareil, disent certains, et ce n'est pas tout à fait faux : ce Colonel Dolarhyde est un peu beaucoup Han Solo avec un chapeau de cowboy ou Indiana Jones avec... un autre chapeau), mais le vieux cabot reste un des mecs les plus chouettes du monde à regarder sur un grand écran : ses mimiques, grimaces, et autres regards en coin sont une inépuisable source de réjouissances de spectateur, ici comme ailleurs !
Et Olivia Wilde est très bien aussi, avec sa robe Carolyn Ingalls, son colt à la ceinture, ses yeux bleus transparents et son passé mystérieux jusqu'à la magie.
Et je pourrais continuer comme ça, tant tout ici est réussi, du moindre personnage secondaire (qui a reconnu le Durgan derrière ses petites lunettes de prêcheur que plus rien n'étonne ? Qui a reconnu Walton Goggins, le nouveau chouchou des westerns de Tarantino ?) au plus petit élément de décor, vaisseau spatial et saloon enfumé (ou ce bateau à aube fracassé à l'envers "à 800 km de la plus proche rivière capable de l'accueillir", vision de noire poésie digne de Tim Burton ?)
Un chef d'oeuvre, pour moi.
Pas de numéro 2, mister Favreau ?

mardi 26 juillet 2016

SOIRÉE CINÉ 3 FILMS (1) - concept "Tentative de survie à la menace de destruction de la planète Terre"

1) Albator, le corsaire de l'espace, de Shinji Aramaki (2013)
Même si je n'ai pas tout compris à la fin, cette adaptation du dessin animé de quand-on-était-petits est plutôt réussie et répond aux attentes des spectateurs nostalgiques : Albator est une vieille bête au sabre-fusil ou au combat rapproché et il envoie des regards lourds de tu-ferais-mieux-de-faire-comme-je-dis-sinon-tu-vas-pleurer à chaque apparition, et c'est bien ça qu'on espérait. Le mystère de son passé et de son œil perdu est révélé, et on attendait ça aussi. Après, on accroche ou pas aux révélations. Perso : mention très bien pour le passé, mais la blessure, c'est un peu banal (une balle perdue, comme tout le monde).
Les sidekicks ne sont pas mal non plus, notamment la sexy et badass Kei, pas du tout potiche, et le second Yattaran, moins comico-lourdaud que dans le dessin animé. Yama, le-traître-qui-trahit-mais-qui-regrette-d'avoir-trahi-et-qui-trahit-encore-mais-pour-le-compte-des-gentils-cette-fois, est un peu lourd d'états d'âmes et de tergiversations, mais il a un côté Luke Skywalker Episode IV qui passe bien.
Bref, une réussite, mais pas non plus impérissable.


2) Pacific Rim, de Guillermo Del Toro (2013)
Vu au cinéma à la sortie et jamais revu depuis, j'en gardais un souvenir de bastons très élégantes et ultra bourrines à la fois : ces géants de fer et ces monstres de cauchemar se mettent des roustes phé-no-mé-nales, qui font mal et peur et vraies. Mais le film vaut aussi pour sa réflexion sur l'héroïsme, le sacrifice et la coopération. Comme Independance Day, mais en pas énervant. Et en pas trop long, non plus, et avant une nouvelle peignée d'anthologie, bien sûr.


3) Transformers, de Michael Bay (2007)
Vu à la sortie aussi, plutôt (très) bon souvenir, mais trois suites de pire en pire, qui ont bien éventé le concept, l'effet de surprise passé, les robots qui mettent aussi longtemps à débarquer que Tony Stark à mettre l'armure, le petit Decepticon hystérique et insupportable, le jeu survolté et lassant de Shia LaBeouf, les bagarres filmées en supersonique, tout ça finit par user. Restent quelques très bons moments : une animation des transformations toujours bluffante, un excellent John Turturro en roue libre, une ou deux séquences burlesques réussies (les Autobots qui se font tout petits dans le jardin des Witwicky), et Megan Fox, bien sûr, renversante de sensualité et de badass attitude, et bien plus explosive que les combats, poursuites et autres destructions.
Bref, comme souvent avec Michael Bay, le mieux, c'est encore les bandes-annonces.


lundi 25 juillet 2016

MON HELLFEST 2016 : Jour 1

Le HellFest, c'est le DisneyLand des métalleux.
Et comme à DisneyLand, il y a les attractions (la grande roue, la tyrolienne, les cracheurs de feu, les strip-teaseuses en cuir et échasses...), les décorations (les brûlots et feux de joies à la nuit tombante, les sculptures metal (dans tous les sens du terme : le scorpion géant en carcasse de voiture ou la magnifique et touchante statue-hommage à Lemmy Kilmister)), les boutiques hors de prix mais auxquelles on ne résiste pas (le Merch, l'Extreme Market, le Band Merchandising...) et les... files d'attente !
Cette première journée sera en effet placée sous le signe de l'attente, au point que l'ami Fabrice proposera une nouvelle unité de temps, spécifique au HellFest : le "merch" (= 1h45 environ).

Attente d'abord à la cathédrale (entrée et fouille), alors que j'arrive juste après l'ouverture des portes, à 10h15, pour le concert de Delain à 11h05, mon premier rendez-vous de ce festival. 3/4 de merch plus tard, je n'en suis toujours pas sorti, et je ne verrai que la dernière chanson de la bande de Charlotte Wessels.
Dommage, parce que la chanteuse est sexy en diable (pour moi, en tout cas, Yves-Marie la trouve trop grosse !), gilet en fourrure sur brassière noir et nombril piercé, et qu'elle a l'air ravie de l'accueil qui lui a été réservé : elle termine sa petite demi-heure de set tout sourire, et je regrette d'avoir raté cette prestation, je me réjouissais de découvrir ce groupe "en vrai", notamment son tout petit bout de guitariste, minuscule blondinette aux faux airs de Reese Witherspoon, dont je me demandais quelle impression elle donnait sur scène. À voir la photo, ça a l'air de gérer.


La déception est d'autant plus grande que Delain était mon seul concert attendu de cette première journée, le prochain étant celui des formidables Danois de Volbeat à... 20h45 !
L'après-midi s'annonce longue, c'est dans 5 merchs, merde !
Et même plus que ça, puisque c'est maintenant la queue un peu partout qui m'attend, un peu bêtement rétrospectivement, pour les prochaines heures.
Au HellMerch officiel d'abord, où une toute petite foule équivaut ici à un 1/2 merch d'attente pour une casquette et un T-shirt. Pas si mal pourtant, quand on sait que Fabrice attendra 1 merch entier pour la même chose en milieu d'après-midi, avec la même toute petite foule (sûrement la faute à ces furieux qui achètent pour 200 euros de merchandising officiel 2016 et essaient tout, pour un peu ils coudraient les patchs sur leur veste pour vérifier que ça rend bien !) Je sarcasme, mais l'attente ici est toujours sympa, ça discute choix de T-shirts, hellfests des années passées et background musical personnalisé : mention spéciale à ce Bordelais, fan de Hysteria et de Double Eclipse (et aussi de David Lee Roth, mais bon, personne n'est parfait :). Et évidemment, le lendemain, une gestion de stocks bien calculée pour la première fois dans l'histoire du Hellfest permettra aux festivaliers moins impatients que nous de faire la même récolte en 10 minutes chrono !


Un tour au Market ensuite, 1 merch et 50 euros plus tard, je ressors avec un picture disc de "Have You Ever Needed Somoeone So Bad," de Def Leppard et le double vinyl du dernier album de Nightwish, seule "erreur" d'impulsivité, puisqu'un stand voisin proposait le vinyl de Dark Passion Play, mon album préféré des Finlandais Symphoniques, à moins cher, le vendeur me proposant même immédiatement de me faire un prix sur ces disques qu'il n'arrive pas à vendre ! Rendez-vous l'année prochaine, j'espère !


Et puis, encore une queue interminable au Cashless (et la première sous une vraie averse d'orage). Les machines ne fonctionnant pas bien, les bénévoles préposés rivalisent de gentillesse pour faire oublier que chaque recharge de carte prend entre 5 et 10 minutes. Et donc, 10 personnes devant toi = 1 merch ! Yves-Marie et moi laissons finalement Fabrice dans la file pour nous placer pour Volbeat que nous avons attendu toute la journée.


Dès les premiers riffs de "The Devil's Bleeding Crown", le son est énorme, clair, précis et puissant (comme depuis le début de la journée au demeurant, alors que le HellFest a quand même une constante de son un peu bouillave : Megadeth en avait fait les frais en 2012, empêchant même Fabrice de découvrir un groupe qu'il a finalement eu tort de détester après cette première mauvaise impression), et Volbeat, pour sa troisième prestation à Clisson, va encore foutre le feu aux planches et claquer la gueule de tout le monde avec son rockabilly metal des enfers.
A part le mini-bide de la reprise de Johnny Cash, vite effacé par la boutade de Michael Poulsen avant le classique "Sad Man's Tongue" ("Tiens c'est bizarre, vous ne connaissez pas Johnny Cash, mais vous réagissez à cette merde ?", glisse-t-il, mi-amusé, mi-vexé sur son riff de "Lola Montez"), la setlist est une collection de hits métallo-country à la personnalité aussi brûlante que l'entrecuisse de la Lola Montez. Ne manque que le mythique et fondamental "Lonesome Rider" (joué la semaine précédente au Download) pour que le square dance infernal soit parfait : les extraits du fabuleux dernier album (le fédérateur "Seal The Deal", l'impeccable "Vor Evigt", et surtout le sublime "Goodbye Forever", au break de chœurs gospel, dédié par Michael Poulsen au grand Muhammad Ali, décédé le jour de la sortie du disque), mais aussi les couillus "16 dollars", "Doc Holliday" et "The Mirror & The Ripper", et même un extrait de la fameuse et fantastique reprise de "I Only Want To Be With You" de Dusty Springfield. J'aurai bien aussi participé à une attaque de diligence avec "Black Bart", rêvé de sauver le monde avec "Cape Of Our Hero", déterré quelques cadavres avec "The Nameless One" ou bu un café à "Mary Ann's Place", mais on ne peut pas tout avoir, surtout en festival.


Comme Megadeth, Volbeat est un groupe live sans effet de scène, mais d'une puissance et d'un charisme tels que le show tape-à-l'oeil et ultra calibré d'un Rammstein m'apparaît d'avance fatiguant. De même que la foule qui va certainement prendre d'assaut la fosse de la Main Stage 1 pour n'en rien rater. C'est vrai que la venue de Rammstein ici fait figure d'événement, en particulier parce que c'est sans doute le seul gros groupe de l'année à n'avoir jamais joué au Hellfest. Et que c'est apparemment un sacré spectacle. Et que tout le monde en parle. Et qu'on a jamais vu autant de T-shirts d'un même groupe sur le site (sachant que TOUT LE MONDE (même Fabrice) porte un T-shirt d'un groupe (ou un déguisement, ou un T-shirt officiel du Hellfest (ce sont même désormais ces derniers le plus fréquent, preuve que le festival lui-même a pris plus d'importance que son affiche : un genre de "Les affiches s'envolent, l'ambiance reste"))). Donc aujourd'hui, c'est Rammstein Day (ou Tag, plutôt), mais pour moi, c'est un peu la flemme.
Fabrice et moi restons quand même pour les trois premières chansons des Allemands, et je suis forcé de reconnaître que l'entrée en scène des guitaristes sur des plate-formes descendantes au son des riffs tranchants du martial "Ramm 4" a de la gueule (et rappelle furieusement Kiss). Mais il est 23h30, et il reste deux jours plus chargés que celui-ci, donc c'est l'heure de rentrer.
Tant pis aussi pour The Offspring, programmé à 1h00, qui fera, selon Yves-Marie, un show bien fun et sans rides.

dimanche 24 juillet 2016

VINGT MILLES LIEUES SOUS LES MERS avec Zia

Tu l'as attendu, ce film-là ! C'est la séance "de grande" annoncée depuis longtemps. On a déjà regardé ensemble "The Princess Bride", "Labyrinthe" ou "Chantons sous la pluie", mais celui-là, c'est le vrai film, bien long (plus de deux heures), bien littéraire et bien impressionnant (et bien Disney aussi, quand même, donc pour enfants, mais pas que).

Tu accroches tout de suite aux grimaces et aux pitreries de Kirk "Ned Land" Douglas, qui en fait des caisses dans le genre fier-à-bras égoïste, trublion et indomptable (aidé en cela par la voix de l'impayable Roger Rudel). De la scène du premier repas des condamnés - où les rictus dégoûtés et les regards furibonds de Ned te ravissent aux éclats -, à sa course de dératé pour fuir les cannibales ("Hé, attends-MOUAAA!"), qui n'est pas sans rappeler celle d'Indiana Jones devant les Ovitos. (Et ça se confirmera tout au long du film : Harrison Ford ne pourrait certainement pas nier s'être inspiré de l'acteur à la fossette pour son Han Solo ou son Dr Jones ! Tiens, je n'avais jamais remarqué ça, dis donc !)
Mais tu aimes aussi quand Ned se rappelle qu'il est aussi un héros : après son héroïque sauvetage de Nemo contre le calmar géant, tu ne manques pas de faire (très justement) remarquer que "Même s'il est en colère après Nemo, même s'il l'aime pas trop, il l'a quand même sauvé". Bien vu, ma Zia !
Et tu es un peu déçue qu'il n'ait pas pu emporter les richesses qu'il avait volées et cachées dans sa géniale guitare-tortue, qu'il est forcé de fracasser sur la tête d'un marin du Nautilus pour s'échapper. Ah ah ah, moi pareil !
Par contre, normal, tu passes (pour cette fois !) à côté des motivations des autres personnages, très intéressants aussi, mais dont les mots et les actes sont moins transparents que ceux du brave Ned : les dialogues notamment sont magnifiques, l'écriture est très ambitieuse, très littéraire (et très respectueuse en ça du style de Jules Verne, et c'est tout à l'honneur des producteurs, qui visaient bien un public jeune, mais c'était en... 1954 !), mais les tournures sont parfois vraiment difficiles à saisir, et c'est bien le souvenir que j'en avais moi-même. Je reconnais même avoir compris aujourd'hui avec toi certains mots en suspens dans ma tête depuis trente ans ! Un exemple, lorsque Nemo reproche à Ned d'avoir tenté de rapporter un coffre au trésor lors de leur partie de chasse : "Vous prêtez une valeur absurde à la plus vile des possessions humaines. À bord du Nautilus, nous nous servons de ces brimborions comme lest." Ouah, ça, c'est envoyé !
Un autre ? Nemo, lors de la seule explosion de sa rage intérieure qu'il s'autorisera : "Eux sont les assassins, les courtiers du néant, et c'est moi le vengeur!". Cette magnifique réplique, jamais je ne l'avais comprise !
Et ce métaphorique "Vous portez un masque" du Professeur Aronnax à Nemo, qui t'a plongé dans la perplexité : "C'est pas sa vraie tête, alors?", m'as-tu demandé.
Par contre, tu as compris ce que j'aurais préféré que tu rates : oui, la femme et l'enfant de Nemo ont été torturés à mort, pour l'obliger à révéler ses secrets...
Après le film, en bonne océanographe en herbe, tu voudras en savoir plus sur le calmar géant, et nous irons sur Internet à la pêche aux infos : figurez-vous d'ailleurs que l'existence de ce monstre marin est enfin avérée, un spécimen d'une dizaine de mètres ayant enfin pu être observée, photographiée et filmée en fin d'année dernière au Japon !
Et notre discussion ensuite, sur les bienfaits de la science et les méfaits de l'homme (ou le contraire), me rendront très fier de toi : tu ne parviendras d'ailleurs pas à décider si Nemo a raison de faire la guerre à la guerre eu tuant des marins pour sauver des vies innocentes.

De mon côté, j'ai encore été soufflé de l'interprétation de James Mason en Nemo, dont le choix est le véritable coup de génie des producteurs. L'acteur anglais est stupéfiant de violence intérieure et de rage destructrice contenues, qu'il dissimule sous une posture policée et un parler posé, mais qu'il laisse affleurer dans son regard fiévreux et tourmenté. Oui, tout ça ne même temps : il est stupéfiant, je vous dis.
Et les décors rétro-futuristes du Nautilus, aussi poétiques que réalistes, sont tellement réussis qu'ils imposent à la mémoire l'évidence : le sous-marin du capitaine Nemo ne peut être autre que celui-là. On y transpire, on y vit, on y meurt, l'air manque ou se purifie, les murs suintent et résonnent, on y est, pour toujours.