dimanche 14 septembre 2025

HELLOWEEN - Giants And Monsters

Après lecture du livret, une (première ?) petite déception par rapport à l'album précédent Helloween : pas de très longue pièce à la "Skyfall" (mais quand même trois morceaux de quelque huit minutes), et seulement deux titres écrits par mon compositeur préféré Michael Weikath (qui signait les trois meilleurs titres de Helloween : la phénoménale ouverture "Out For The Glory", puis les excellents "Down In The Dumps" et "Robot King"). Heureusement, Kai Hansen a cette fois écrit trois chansons (dont "Majestic", qui reprend à l'identique un titre de Gamma Ray : clin d'œil, reste d'individualisme ou auto-plagiat ? Attendons la première écoute.)

À la première écoute, donc, une deuxième déception : rien n'est aussi exaltant que les quatre titres cités plus haut, mais tout est quand même très bon, peut-être même meilleur que le reste de Helloween. Andi Deris, habitué à la surproduction et à la répétition, s'avère ici plutôt intéressant ("Giants On The Run", co-écrit avec Kai Hansen, le single évident "A Little Is A Little Too Much", en vrai duo Kiske/Deris), même si on n'échappe pas cette fois-ci à sa ballade ennuyeuse ("Into The Sun"), mais Michael Weikath livre le minimum syndical (deux titres (très bons, d'accord) d'à peine 4 minutes !) ; Markus Grosskopf n'a pas l'honneur de la tracklist officielle (le très bon "Indestructible" sur Helloween) mais la consolation (méritée) du bonus-track ("Out Of Control") ; Kai Hansen place clairement du (très bon) Gamma Ray ("We Can Be Gods", au refrain carrément Helloween, quand même, et donc "Majestic", c'est la deuxième explication la bonne, pour moi), mais surtout, excellente surprise, Sasha Gerstner, toujours un peu modeste et en retrait (au point qu'il avait peur de se faire virer quand Kai Hansen est revenu), signe deux des meilleurs morceaux du disque (notamment le formidable et épique "Universe (Gravity For Hearts)") et s'avère inspiré et talentueux, et, en plus, beau gosse, stylé de la coiffure à la guitare : la Citrouille ultime?



mardi 26 août 2025

lundi 18 août 2025

GAMMA RAY DISCOGRAPHY (11) - Empire Of The Undead (2014)

Avant de produire cet ultime album, Gamma Ray doit faire face à deux coups du sort : l'incendie accidentel de son studio (qui retardera la sortie du disque, mais ne détruira que du matériel, et non les sept titres déjà en boîte) et le départ de son batteur Dan Zimmermann (qui composait toujours un titre ou deux, souvent excellents). De plus, le mastermind Kai Hansen vient de consacrer beaucoup de temps et de passion à Unisonic, son groupe avec Michael Kiske (deux albums et deux tournées), préfigurant la future reformation d'Helloween en 2020 (mais ça, personne ne le sait encore).

En résulte un album un peu étrange, depuis sa pochette plutôt ratée, dans son concept et sa réalisation, jusqu'à sa production un peu pâlichonne, signée du seul Kai Hansen cette fois, et des compositions qui accusent le coup d'une inspiration un peu éclatée.

On y retrouve donc tout ce qui a fait le charme et la gloire de Gamma Ray, mais en plus transparent, comme un peu dénaturé ou affaibli, à l'image de son Fangface aux rayons X.

Ce sera l'album-testament du groupe, mais pour toujours undead dans son empire.

GAMMA RAY DISCOGRAPHY (10) - To The Metal ! (2010)

Land Of The Free II (2007) était à la fois un retour aux sources (Land Of The Free est le premier album avec Kai Hansen au micro) et la fin d'un cycle pour Gamma Ray, entre fougueux rêve de liberté et peur de la technologie aliénante.

Pour ce To The Metal!, le groupe revient aux fondamentaux, thématiquement — l'amour de la vie ("Time To Live", "Shine Forever") et de la musique ("To The Metal!") — et musicalement, avec des morceaux plus courts et plus directs ("Rise", "Deadlands"). Quelques belles surprises, quand même : le presque disco "Empathy", l'orgue furibard de "Chasing Shadows", le retour du héros Michael Kiske (le speed "All You Need To Know", à l'étonnant refrain pop) et des titres très personnels sur le deuil (Kai pour sa mère sur "Mother Angel", Dirk pour son père sur "No Need To Cry", dont il chante le pont), donnant au disque des allures de post-scriptum.

Un album bien fichu, un bon moment d'écoute, mais rien de vraiment exaltant. 

Et si Land Of The Free II avait été en réalité un chant du cygne ?

GAMMA RAY DISCOGRAPHY (9) - Land Of The Free II (2007)

Au premier abord, proposer une suite au chef d'œuvre Land Of The Free, sorti douze ans plus tôt, apparaît assez opportuniste et peu inspiré. Il semble s'agir là — comme toutes les suites — de la solution de facilité pour se rappeler au bon souvenir de la critique et du public, et de faire du pognon sans risque ni ambition.

Mais heureusement, Kai Hansen a toujours l'intégrité et l'inspiration chevillées au corps : ce Land Of The Free II est non seulement une magistrale réussite, mais il est aussi très révélateur de l'état d'esprit de son créateur. Là où le premier opus chantait courageusement la quête d'une liberté de vivre et de penser et criait l'amour d'une planète Terre maltraitée, ce second volet est beaucoup plus pessimiste, comme si Kai Hansen avait eu besoin, à l'approche de la cinquantaine, de confronter l'idéalisme de ses jeunes années au triste constat d'un monde plus abîmé et déchiré que jamais. 

Land Of The Free II s'ouvre sur le réveil de la conscience du héros de l'album originel ("Into The Storm") avant d'enchaîner sur une véritable déflagration de metal, d'une vélocité et d'une puissance rares (la triplette "From The Ashes"/"Rising Again"/To Mother Earth"), qui traduit parfaitement la fureur de son personnage (et de son auteur!). Peu de morceaux happy metal ("Real World") pourtant typiques du groupe (il n'y en avait pas non plus sur le premier, preuve de la cohérence des deux albums entre eux), pas de power-ballad non plus ("Farewell" était de toute façon assez désespérée dans son genre), plutôt des morceaux urgents et brutaux, parfaitement produits (la batterie tabasse et les guitares lacèrent comme jamais), jusqu'à la longue pièce "Insurrection", qui clôt le disque là où s'ouvrait Land Of The Free: sur la révolte, mais cette fois sans véritable espoir de victoire.

samedi 16 août 2025

GAMMA RAY DISCOGRAPHY (8) - Majestic (2005)

Que se passe-t-il donc à l'écoute de ce huitième album de Gamma Ray?

À l'exception d'un classique immédiat ("Fight") et d'un ou deux autres morceaux assez remarquables ("Condemned To Hell", "How Long"), il semble impossible de garder en tête les autres, au point que même après plusieurs écoutes, on ne peut en fredonner ni les refrains ni les riffs. Alors, quoi ?

Pourtant, tout a l'air d'être à sa place : la pochette est très réussie (Fangface fait son habituel sourire de dément, le Yin/Yang sur le front, dans un décor de planisphère taillé dans le roc) et les titres des chansons ("Strange World", "Spiritual Dictator", "How Long") sont fidèles aux thématiques du groupe (liberté, science-fiction, inquiétude technologique, (dés)espoir en l'humanité). L'inspiration ferait-elle, pour la première fois, défaut à Kai Hansen et à ses acolytes ?

Certes, quatre ans se sont écoulé depuis le précédent album, quand jamais plus de deux ans n'avaient jusqu'alors séparé deux disques. Et si le groupe, très solide, est le même depuis 1995, Dirk Schlächter (basse, chant) ne place plus aucune composition, lui qui signait volontiers les ballades ou les morceaux les plus épiques.

Pourtant, la vérité est ailleurs, et je l'ai (enfin) découverte en écoutant le disque de la seule façon possible : avec toute mon attention, sans rien faire d'autre. Et là, pour citer l'ultime morceau de l'album, c'est la révélation!

L'album est bel et bien formidable, de bout en bout, mais surprend en allant puiser à la source d'une des références/camaraderies musicales les moins connues de Kai Hansen (après Iron Maiden, Judas Priest et même Angra) : Blind Guardian ! À savoir, un groupe au songwriting unique et ciselé, entre le speed metal et le metal progressif, habitué à casser le sempiternel schéma d'écriture riff/couplet/refrain/solo, et qui ose dérouter l'auditeur tout en le guidant avec bienveillance et... majesté ! L'écriture est ici tellement ambitieuse et libre qu'elle en devient forcément plus exigeante. Mais si on se donne la peine et le temps d'en ressentir la puissance et la richesse, quel cadeau ! Des intro menaçantes, des accélérations fulgurantes et inattendues, des chœurs lyriques, des ponts vertigineux, et chaque fois, des surprises de rythme, mélodie, refrain, solo et même thématiques (les vampires de "Blood Religion").

Un album hors norme au sens le plus excitant du terme : inattendu, unique, créatif, sans limite. 

vendredi 8 août 2025

GAMMA RAY DISCOGRAPHY (7) - No World Order ! (2001)

Comment sait-on qu'un groupe est désormais davantage que la somme des talents de ses musiciens ? Peut-être quand ils s'inspirent les uns les autres et se surpassent eux-mêmes. No World Order ! en est un excellent exemple : le speed d'ouverture, peut-être le meilleur de Gamma Ray (avec son intro à la guitare acoustique !), est écrit par le batteur Dan Zimmermann ("Dethrone Tyranny"), et le mid-tempo à la mélodie immédiatement  mémorisable, composition emblématique de Kai Hansen (on en trouve un sur CHAQUE album de Gamma Ray), est ici brillamment troussé par le guitariste Henjo Richter ("Follow Me"). 

Pour le reste, on revient à l'organisation typique des albums de speed power metal en général (mais délaissée par Gamma Ray depuis Land Of The Free) en particulier, avec une alternance très équilibrée (et ici particulièrement exaltante) de morceaux rapides (Dethrone Tyranny", "Solid", d'hymnes fédérateurs ("Heaven Or Hell", "Eagle", "Damn The Machine"), de riffs enflammés ("New World Order", Fire Below"), et, en conclusion, une longue et belle ballade ("Lake Of Tears"). 

Un album sans surprise, certes, mais sans défaut. Une réussite, encore une fois, ornée de la plus belle pochette du groupe.

GAMMA RAY DISCOGRAPHY (6) - Powerplant (1999)

Ça commence mal avec cette pochette ratée, pourtant signée Derek "Eddie & Iron Maiden" Riggs, qui a manqué son passage à la création numérique : là où ses pochettes à la peinture étaient mythiques, ses œuvres 3D sont pataudes et immédiatement démodées (il ratera de la même façon le Dance Of Death d'Iron Maiden, en 2003). Dommage, parce que ce concept de cité du futur sous le joug d'un Fangface géant était bien trouvé, et continuait le diptyque "spatial" de Gamma Ray (commencé avec l'album précédent Somewhere Out In Space), avec sa mythologie inspirée de Ray Bradbury et d'Isaac Asimov, adaptant notamment le mythe des Martiens déifiés et créateurs des pyramides égyptiennes.
Passée cette (petite) déception, on embarque pour un voyage aussi dingue que le précédent. "Anywhere In The Galaxy" donne le ton, et déballe tout l'arsenal du groupe, chargé à bloc : mélodies, chœurs, ruptures de rythme, passages instrumentaux, solos, tout est grandiose ! Et ça ne s'arrête pas, les morceaux s'enchaînent, tous inspirés et puissants, refrains conquérants et mélodies véloces. Après une pause plus heavy ("Short As Hell"), au chant plus sombre, déboule la reprise du "It's A Sin", des Pet Shop Boys, pas du tout incongrue et parfaitement à sa place, un grand moment de l'album. Ça repart de plus belle, avec un hymne à la gloire du Metal ("Heavy Metal Universe") et deux titres épiques signés Henjo Richter ("Wings Of Destiny") et Dirk Schlächter ("Hand Of Fate"), plus fantasy que science-fiction, mais bien intégrés à l'ensemble. Pas de ballade ici, mais une longue pièce de fin, comme un écho au titre d'ouverture, résonnant dans l'infini de l'espace, plainte furibarde et sublime contre un monde en déréliction.

GAMMA RAY DISCOGRAPHY (5) - Somewhere Out In Space (1997)

Alors sur celui-ci, ça tabasse ! C'est la production la plus gigantesque du groupe — Kai Hansen s'en inquiète d'ailleurs dans les notes du livret : les guitares sont-elles assez puissantes ? Donc, oui, pas de doute, c'est le son le plus dantesque jamais gravé sur disque par Gamma Ray. Dès l'ouverture résolument furieuse, à la ligne mélodique fulgurante ("Beyond The Black Hole"), on comprend que le voyage va secouer sans répit. Ça continue avec deux bombes ("Men, Martians And Machines", "No Stranger"), avant la super nova "Somewhere Out In Space", véritable déflagration sidérale en vitesse lumière, qui enchaîne aussitôt sur le single évident "Valley Of The Kings", pure explosion de ce que Gamma Ray fait de mieux : une ligne mélodique lumineuse, un refrain ultra fédérateur, un pont et un solo étincelants, un tempo irrésistible. Retour au calme, en apesanteur, avec la ballade "Pray", une des plus belles de Gamma Ray, dans laquelle Kai Hansen met tout son cœur, en particulier au chant, habité et brillant comme une galaxie. La deuxième partie du voyage s'avère finalement moins mouvementée, avec des titres cohérents mais plus dispensables ("Winged Horse", "Lost In The Future", "Watcher In The Sky"), pour finir en beauté sur une longue pièce avec intro au piano scintillant, atterrissage en douceur en forme de vraie-fausse power-ballad, à l'image du disque : riche, variée, puissante. Et encore une pochette de toute beauté, reprenant Fangface, le yin/yang, mais aussi l'effet spirale de celle de Land Of The Free. Magistral !

jeudi 7 août 2025

GAMMA RAY DISCOGRAPHY (4) - Land Of The Free (1995)

L'âge d'or de Gamma Ray commence ici, et ne se terminera jamais. Ce n'est pas encore le line-up le plus solide du groupe (ce sera pour le prochain album), mais c'est exactement le même que sur le précédent, avec en plus l'immense Kai Hansen au micro, qui va donner ici tout ce qu'il a — inspiration, riffs, voix, production — pour faire de ce disque le chef d'œuvre de sa carrière. 
Une pochette magnifique, entre ténèbres et lumière (avec la mascotte Fangface, enfin de retour, et le yin/yang), une thématique limpide (le combat entre Bien et Mal pour la liberté de l'humanité, qui rappelle les Keeper Of The Seven Keys), des morceaux d'une richesse sidérante, de la longue pièce d'ouverture ("Rebellion In Dreamland") aux interludes instrumentaux, parfois enchaînés avec les deux chansons qui l'entourent ("Land Of The Free"/"The Saviour"/"Abyss Of The Void"), des ambiances variées (le speed metal furieux de la doublette "Man On A Mission"/"Fairytale", le rock n' roll de "Time To Break Free, la power-ballad "Farewell") aux paroles poétiques comme jamais.

Et la magie est tellement inépuisable, débordante des doigts de Kai Hansen, que Gamma Ray ajoutera, en complément à ce monument du heavy metal, un maxi-CD, indispensable et enchanté, Silent Miracles, collection de ballades ("Farewell", "A While In Dreamland") et de réinterprétations de ses propres classiques ("The Silence", du premier album, et "Miracle", aux paroles et mélodies tirées de "Man On A Mission", en mode power-ballad).

Le groupe donnera également une suite à l'album en 1997, confirmant le statut fondateur et inoubliable de ce classique.

mercredi 6 août 2025

GAMMA RAY DISCOGRAPHY (3) - Insanity And Genius (1993)

Un album de transition, pour plusieurs raisons : c'est le dernier avec Ralf Scheepers au micro, qu'on devine déjà sur le départ (Kai Hansen et Dirk Schlächter chantent chacun un titre), le dernier avec Dirk Schlächter à la guitare rythmique (il prendra bientôt la basse) et le premier avec le visuel yin/yang qu'on retrouvera souvent sur les pochettes (la mascotte Fangface semble attendre son heure dans les vagues/flammes, et surgira bientôt). Plutôt riche et équilibré, titres rapides ("Tribute To The Past", "Last Before The Storm"), longue ballade épique ("Heal Me"), morceaux solides ("No Return", "Yout Turn Is Over"), l'album manque cependant son coup, par une production un peu légère (pourtant signée Hansen/Schlächter) et des compositions peu marquantes, et se révèle finalement assez oubliable. À l'image de ce nouveau logo banal, inspiration et passion n'enflamment plus le groupe, contrairement à ce que l'excellente pochette promettait.

GAMMA RAY DISCOGRAPHY (2) - Sigh No More (1991)

 Moins classique que son prédécesseur, dans tous les sens du terme :  la tracklist (pas d'intro/speed, pas de longue pièce) ; l'ambiance plus hard rock que heavy metal ("As Time Goes By", seul titre rapide de l'album, co-écrit avec Piet Sielck de IRON SAVIOR, un autre groupe de Kai Hansen) ; et une importance moindre dans la carrière du groupe. Plus varié aussi dans les ambiances, comme si Kai Hansen cherchait à saisir l'air du temps (par inspiration, et non par opportunisme) : les tempo ralentissent (les excellents "Changes" et "One With The World"), les basses galopent ("Father And Son", "The Spirit"), les voix s'aggravent ("Countdown"), et on ne retrouve finalement le "vrai" Gamma Ray qu'en de rares occasions ("Rich And Famous", "Start Running"). Un bon album, déroutant mais pas sans intérêt, à l'image de sa pochette.

lundi 4 août 2025

GAMMA RAY DISCOGRAPHY (1) : Heading For Tomorrow (1990)

Une fois passé l'obstacle de la voix de Ralf Scheepers, plus Rob Halford (que je trouve agaçant) que Michael Kiske (que je trouve divin), l'album s'offre dans toute sa gloire. La production, signée Kai Hansen, en pleine possession de ses moyens (composition, inspiration, confiance en lui), n'est ni trop datée, ni trop prétentieuse, pour un album très équilibré, comme au bon vieux temps des citrouilles : de l'intro orchestrale/speed d'ouverture ("Lust For Life") à la longue pièce épique ("Heading For Tomorrow"), du mid-tempo au grand c(h)œur ("Heaven Can Wait") à la ballade aux mille visages ("The Silence"), en passant par quelques titres moins indispensables mais pas (tous) sans charme. Seul défaut : cette pochette au concept ridicule (Kai Hansen comme objet promo, d'accord, mais Ralf ?) et pas du tout adaptée au propos du disque (angoisse/espoir dans le futur et peur du progrès technologique et de la perte de liberté). Comme toujours dans ces cas-là, c'est Boris Vallejo que j'invoque :

mardi 29 juillet 2025

TRIPLE FEATURE

TRIPLE FEATURE : Métamorphoses féminines fantastiques et tragiques

THE SUBSTANCE, de Coralie Fargeat (2023)

Il y a d'abord la promesse d'un spectacle visuel fascinant et délirant — mais aussi potentiellement malaisant —, avec cette affiche en gros plan sur un iris oculaire dédoublé ou cette autre sur un corps moribond grossièrement couturé : c'est fabuleux et dérangeant à la fois, comme une créature féérique dégénérée ou une fiancée de Frankenstein abandonnée. 

Il y a ensuite le plaisir de revoir enfin Demi Moore, dont on est amoureux depuis "Ghost" (1990), mais qu'on avait un peu perdue de vue depuis la tête rasée et les biceps saillants de "G.I. Jane" (1997) ; un plaisir cependant teinté d'une certaine gêne, puisqu'on sait que la belle s'est empêchée de vieillir, de coups de bistouri, dans le visage et les seins, en cures successives d'amour éperdu de jeunes hommes émerveillés (Ashton Kutcher avait douze ans quand "Ghost" est sorti). Qu'à cela ne tienne, c'est justement de cette image que l'actrice va bravement jouer, jusqu'à l'horreur la plus insupportablement écœurante, pour dire combien le regard des autres est la blessure la plus profonde et avilissante qu'on puisse subir. 

Car c'est bien d'horreur qu'il va être question ici : l'horreur de son corps qu'on observe, qu'on scrute, qu'on juge jusqu'à la détestation, l'horreur de son corps qu'on perfectionne jusqu'à l'autodestruction, l'horreur de son corps qu'on maltraite, qu'on rejette, qu'on triture, qu'on saccage, pour le prix dérisoire d'une admiration éphémère et pour le bonheur vain d'être la plus belle en ce royaume.

Et quand sa monstruosité devient telle qu'elle en est presque irregardable, c'est dans un murmure déchirant qu'Elisabeth Sparkle, ex-Blanche-Neige devenue vieille sorcière tordue, puis créature difforme cauchemardesque, supplie : 

"I'm still here".

Une allégorie folle et furieuse du respect de soi et de son intégrité morale et physique, une critique fulgurante du star-system et du male gaze, entre horreur organique et féminisme hardcore, entre thriller et conte de fées, entre David Lynch et les frères Grimm, entre "La mouche"et "Showgirls".


LA FÉLINE, de Jacques Tourneur (1942)

Ça commence comme une comédie romantique, automne à New York, rencontre fortuite au zoo, promenade dans les rues, et soirée douce et tendre, bref un moment hors du temps, à peine assombri par la légende ancestrale des origines serbes d'Irena : car la belle vient d'un village maudit, dont les habitants se changent en félins lorsqu'ils cèdent à leurs émotions (peur, jalousie, désir). 
Pas d'horreur explicite ici, mais des ambiances de tension noire et blanche, entre ombres et lumières, pour un conte fantastique et allégorique de la possession charnelle (l'acte sexuel) et psychologique (l'emprise ou le traumatisme).
Car la malédiction de la femme-panthère, qui redoute ses élans, réprime ses désirs, refuse d'être touchée, réduit en pièces ses ennemi(e)s par jalousie (la maîtresse de son mari) ou autodéfense (son psychiatre), n'est-ce pas là une métaphore de la femme violentée et traumatisée ? 
In fine, Irena se changera véritablement en panthère mais choisira d'en mourir, comme vaincue par sa propre malédiction.


LES YEUX SANS VISAGE, de Georges Franju (1960)

Un savant visionnaire et mégalomane cherche à tout prix à reconstruire le visage détruit de sa fille adolescente. Mais, pour cela, il kidnappe des jeunes filles qui lui ressemblent et leur prélève de force le visage.
La métamorphose semble d'abord réparatrice, puisqu'il s'agit de sauver l'apparence — mais aussi l'équilibre mental — d'une jeune fille aimée. Cependant, la folie démiurgique du professeur, à la fois Jack l'éventreur et Viktor Frankenstein, empoisonne peu à peu ses recherches, jusqu'à ce que la réussite de son exploit scientifique lui devienne plus obsédante que la sauvegarde de son enfant, qu'il ne verra pas sombrer dans sa propre démence.
Horreur poétique et vaporeuse, enveloppante et rassurante comme un linceul, pour une descente aux enfers aux atours de délivrance.


lundi 28 juillet 2025

mardi 22 juillet 2025

lundi 30 juin 2025

dimanche 29 juin 2025

mercredi 7 mai 2025

L'ALBUM DE LA SEMAINE (35) : "Pink Bubbles Go Ape" - HELLOWEEN

C'est une réputation catastrophique (et imméritée) qui salit cet album : successeur des iconiques classiques KEEPER OF THE SEVEN KEYS, premier disque sans le démissionnaire et fondamental Kai Hansen et avec son calamiteux remplaçant Roland Grapow, et trois (interminables) années d'attente pour le trouver enfin dans les bacs — la faute à Rod Swallwood, manager et âme damnée d'Iron Maiden, qui, sentant le dangereux potentiel de rival du groupe, le signa pour lui couper les ailes ; mission accomplie : un procès avec le précédent label, un album juridiquement bloqué et un producteur totalement hors sujet. Car c'est surtout là que tout va mal sur PINK BUBBLES GO APE : cette production légère (comme une bulle rose) qui dénature tragiquement les finalement excellentes compositions du disque. "Kids Of The Century", aux jolies paroles en signal d'alarme écologique, ouvre magistralement le disque, et les titres rapides ("Someone's Cryin'", "The Chance") sont brillants. Michael Weikath se fait tristement discret à la composition ("Number One", un des meilleurs titres de l'album, et l'anecdotique "Heavy Metal Hamsters"), et même les titres moins inspirés ("Mankind", "Goin' Home") ont de beaux moments. Pas de véritable erreur ("I'm Doing Fine, Crazy Man" s'annonce d'abord catastrophique, puis se rattrape !) et un authentique chef d'œuvre : "Your Turn", magnifique power ballade, écrite et portée par le fabuleux Michael Kiske, intouchable héros du métal, ici au sommet des dieux. On se prend alors à rêver à ce qu'en auraient fait les deux Tommy (Hansen & Newton), qui ont produit tous les autres albums des citrouilles, de 1985 (WALLS OF JERICHO) à 1998 (BETTER THAN RAW). Et, puisqu'on en est à rêver, autant oublier cette épouvantable pochette, et fantasmer celle de, disons, Boris Vallejo ?




samedi 26 avril 2025

TOP 20 : séries

19. DOWNTON ABBEY

18. LOST

17. NYPD BLUE

16. THE WIRE

15. ENGRENAGES

14. FRIENDS

13. SEINFELD

12. DEADWOOD
11. PENNY DREADFUL

10. DAREDEVIL



9. BANSHEE

8. PEAKY BLINDERS

7. WATCHMEN

6. JUSTIFIED

5. QUANTUM LEAP

4. STRANGER THINGS

3. THE AMERICANS

2. YELLOWSTONE

1. BUFFY CONTRE LES VAMPIRES


En cours
THE PEACEMAKER


THE BOYS