À l'exception d'un classique immédiat ("Fight") et d'un ou deux autres morceaux assez remarquables ("Condemned To Hell", "How Long"), il semble impossible de garder en tête les autres, au point que même après plusieurs écoutes, on ne peut en fredonner ni les refrains ni les riffs. Alors, quoi ?
Pourtant, tout a l'air d'être à sa place : la pochette est très réussie (Fangface fait son habituel sourire de dément, le Yin/Yang sur le front, dans un décor de planisphère taillé dans le roc) et les titres des chansons ("Strange World", "Spiritual Dictator", "How Long") sont fidèles aux thématiques du groupe (liberté, science-fiction, inquiétude technologique, (dés)espoir en l'humanité). L'inspiration ferait-elle, pour la première fois, défaut à Kai Hansen et à ses acolytes ?
Certes, quatre ans se sont écoulé depuis le précédent album, quand jamais plus de deux ans n'avaient jusqu'alors séparé deux disques. Et si le groupe, très solide, est le même depuis 1995, Dirk Schlächter (basse, chant) ne place plus aucune composition, lui qui signait volontiers les ballades ou les morceaux les plus épiques.
Pourtant, la vérité est ailleurs, et je l'ai (enfin) découverte en écoutant le disque de la seule façon possible : avec toute mon attention, sans rien faire d'autre. Et là, pour citer l'ultime morceau de l'album, c'est la révélation!
L'album est bel et bien formidable, de bout en bout, mais surprend en allant puiser à la source d'une des références/camaraderies musicales les moins connues de Kai Hansen (après Iron Maiden, Judas Priest et même Angra) : Blind Guardian ! À savoir, un groupe au songwriting unique et ciselé, entre le speed metal et le metal progressif, habitué à casser le sempiternel schéma d'écriture riff/couplet/refrain/solo, et qui ose dérouter l'auditeur tout en le guidant avec bienveillance et... majesté ! L'écriture est ici tellement ambitieuse et libre qu'elle en devient forcément plus exigeante. Mais si on se donne la peine et le temps d'en ressentir la puissance et la richesse, quel cadeau ! Des intro menaçantes, des accélérations fulgurantes et inattendues, des chœurs lyriques, des ponts vertigineux, et chaque fois, des surprises de rythme, mélodie, refrain, solo et même thématiques (les vampires de "Blood Religion").
Un album hors norme au sens le plus excitant du terme : inattendu, unique, créatif, sans limite.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire