vendredi 1 mai 2015

L'ART DE DREW STRUZAN (1) : Les classiques

Premier épisode d'une série sur les sublimes peintures de Drew Struzan, qui vient de prendre une retraite un peu forcée, avec un sentiment mêlé de douloureuse frustration, de vague dégoût et d'incompréhension quasi totale avec le système actuel de création/distribution des affiches de films. Mais j'y reviendrai plus tard.
Place d'abord aux affiches classiques (volontairement présentées ici sous leur forme d’œuvres d'art, sans titre ni générique), celles que vous avez forcément déjà vues, en attendant les épisodes suivants : Indiana Jones et Star Wars, incontestablement les œuvres les plus connues de Struzan.
(NB : Toutes les anecdotes sont tirées du magnifique livre "L'art de Drew Struzan", de David J. Schow) 

Retour vers le futur
Selon Drew Struzan, "une affiche aussi amusante à peindre que le film l'est à regarder". Il en a réalisé beaucoup d'autres pour celui-ci, très différentes et très réussies (certaines apparaîtront dans un futur épisode "L'Art de Drew Struzan : les raretés"), et avec beaucoup de plaisir, peut-être parce que la première phrase que lui a dite Robert Zemeckis, le réalisateur du film, lorsqu'ils se sont rencontrés, a été : "J'ai attendu toute ma carrière de faire un film assez réussi pour que vous en peigniez l'affiche."
Retour vers le futur 2
Même si l'idée paraît évidente aujourd'hui, il a fallu en réalité soumettre trente ou quarante essais au studio pour que quelqu'un propose finalement de reprendre le visuel du premier film. Drew Struzan met ces hésitations sur le compte du malaise qui existe depuis toujours entre les artistes et les businessmen.

Retour vers le futur 3
Facile, là encore ? Pas du tout ! Marty a été peint sur deux affiches différentes, en "Clint Eastwood" et en chemise rose de cow-boy de bastringue, mais le premier sur fond de jour et le second sur fond de nuit : le studio a choisi Clint, mais de nuit ; il a fallu repeindre Marty. Et Clara ? Il a été décidé de l'ajouter au dernier moment, et il a fallu l'ajouter en découpage-collage, car l'affiche était déjà sous presse !

Les Goonies
Une de mes préférées, sans hésiter, pour un film qui ne m'intéresse plus tellement, pourtant.
Les Maîtres de l'Univers
Dans le documentaire "Drew Struzan : the man behind the poster", un réalisateur dit de cette affiche une chose très juste et très drôle : "Je la regarde et j'ai vraiment hâte de voir ce film. Le problème, c'est que je ne verrai jamais CE film !" 


Hook ou la revanche du Capitaine Crochet
Beaucoup de travail sur celle-ci, pour deux raisons. L'une, sympa : Dustin Hoffman aimait beaucoup son portrait, mais trouvait le Capitaine Crochet trop crapuleux. Il a donc gentiment reçu Drew Struzan chez lui pour lui montrer ce qu'il aurait voulu. Mais l'artiste est rentré désespéré à son studio, incapable de choisir parmi toutes les expressions que lui avait montré l'acteur. L'autre raison est moins sympa : Julia Roberts voulait apparaître aussi grande sur l'affiche que Dustin Hoffman et Robin Williams. 
Résultat : rien moins qu'une cinquantaine de dessins rien que pour (ne pas)
avoir son accord, et qu'elle reste finalement aussi petite que Clochette doit l'être.
First Blood
(Rambo)
Modèle du genre "affiche avec héros à gros bras et à gros flingue". 
Stallone y apparaît comme dans le film : égaré, animal, prêt à tout.

The Thing
Une affiche peinte en une nuit, John Carpenter l'ayant commandée du jour pour le lendemain, sans autre indication que : "C'est pour un remake de "La chose d'un autre monde", avec Kurt Russell". Les trois dernières heures de travail ont même été réalisées en présence du coursier qui devait livrer l'affiche au studio. Si les éclats de neige font si vrais, c'est parce que la peinture n'était pas encore sèche lorsqu'elle a été mise sous verre !


Blade Runner
Pas tout à fait une affiche classique ici, puisqu'elle n'a pas été retenue pour la sortie cinéma en 1982 (les studios avaient dépensé tellement d'argent dans les décors de la ville du futur qu'il fallait qu'ils apparaissent sur l'affiche). Mais, en 2000, le réalisateur Ridley Scott reprend contact avec Drew Struzan au moment de la sortie DVD du "Director's Cut" tant attendu. L'artiste, qui rechigne à réutiliser un travail vieux de vingt-cinq ans, réalise une nouvelle peinture, qu'il juge "plus équilibrée" (ci-dessous). 
C'est pourtant la première qui apparaîtra dans les boîtiers DVD.





Big Trouble In Little China
(Les aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin)
Drew Struzan n'est pas un cinéphile, il n'aime pas particulièrement faire des affiches de films : il aime faire des peintures et il n'a jamais rien voulu d'autre qu'en vivre. 
Mais pour ce "Big Trouble In Little China", il dit : "Voilà le genre de film dont on ne peut pas se passer". 












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