mercredi 6 décembre 2023

DERNIÈRE IMAGE (1)


"Une histoire simple" (1978), ultime rôle chez Claude Sautet pour Romy Schneider, qui lui vaudra le César de la meilleure actrice.
Elle y est comme toujours sublime de lumière et de désenchantement, comme un ange égaré dans la grisaille humaine.

UN LIVRE, UN FILM, UN DISQUE


"Le clan des Otori", de Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier
Adapté du roman éponyme, "le clan des Otori" est une épopée pleine de courage et de sagesse dans un Japon médiéval rêvé. Une saga limpide et puissante, entre récit initiatique, drame politique et aventure intimiste, à la frontière de deux mondes antagonistes et indissociables, celui des dieux ancestraux déchus et celui des manigances politiques modernes.
"Ran", d'Akira Kurosawa
Même ambiance de malversations et de complots dans le Japon médiéval du chef d'œuvre de Kurosawa.
Le destin d'un chef de clan de guerre vieillissant, dernier défenseur des traditions d'honneur et de sacrifice, pris dans la tourmente d'un monde prêt à basculer dans l'individualisme et l'immoralité de la modernité.
"Beast from the east", Dokken
En épilogue, on écoute Dokken, le plus japonais des groupes américains, depuis les premières pochettes, inspirées de l'imagerie kaiju, jusqu'au blason en phénix flamboyant aux allures de ryu, également emblème de... l'empereur dans "le clan des Otori".

dimanche 3 décembre 2023

DOUBLE FEATURE MOVIE NIGHT : L'imagination comme seul rempart contre la barbarie

Dans la RDA de 1984, un agent de la Stasi, chargé de la surveillance du dernier dramaturge "autorisé", découvre un monde de lettres, de musique et de passion qu'il ne soupçonnait pas et qui fissure ses certitudes. Peu à peu, il s'attache, il s'émeut, il s'engage.

Dans l'Espagne franquiste de 1944, une jeune fille se rêve princesse d'un royaume disparu, et non belle-fille d'un capitaine froid et dangereux. Aidée d'un faune mystérieux, elle se lance dans une quête magique et mortelle, comme une allégorie de la résistance au fascisme.

Alice au pays de Metallica

En ce moment, écoutes passionnées et alternées de Metallica période Cliff Burton (Ride The Lightning, Master of Puppets et ...And Justice For All) et Alice Cooper période années 80 (Constrictor, Raise Your Fist and Yell, Trash et Hey Stoopid).

Leurs univers musicaux, rebelles et cauchemardesques, se rejoignent dans la critique de la société américaine, dans la fascination/répulsion pour la douleur et la mort, dans la quête désespérée et désenchantée de liberté et de justice.

Mise en scène :
- Alice Cooper (figurine McFarlane "Super Stage" / 2000)
- James Hetfield (figurine McFarlane "Harvester of Sorrow" / 2001).
- Vinyle original "Hey Stoopid" / 1991
- CD digipack "Welcome 2 my nightmare" / 2011
 

DOUBLE FEATURE MOVIE NIGHT : Sale temps pour les flics à Detroit, Michigan

Deux polars à la personnalité très affirmée, dans le Detroit des années 2000 ou d'un futur dystopique, mais toujours à la criminalité dégueulasse et inhumaine.
Qu'on soit cyborg presque indestructible ou enquêteur presque malfrat, Detroit, Michigan, c'est toujours un putain de sale endroit pour être flic.

DOUBLE FEATURE MOVIE NIGHT : Qui a peur d'Elizabeth Taylor ?

Contrairement à une idée reçue, Elizabeth Taylor n'a jamais joué la femme fatale ni l'objet sexuel. Au contraire, déesse égarée parmi les mortels, elle est toujours bouleversante de désarroi et de défiance face à la haine et à la colère qu'elle déclenche chez ces pauvres petits hommes, qui, à force de ne pas oser l'aimer, n'arrivent qu'à la détester.

DOUBLE FEATURE MOVIE NIGHT : Hollywood Film noir in the 40's


 

DOUBLE FEATURE MOVIE NIGHT "Biopic rock désenchanté"


 Always remember them this way.

DOUBLE FEATURE MOVIE NIGHT : "Darkness on the edge of town"

 


DOUBLE FEATURE MOVIE NIGHT : Men on a mission on a crazy train


DOUBLE FEATURE MOVIE NIGHT : Sexe, mensonges et Moyen-âge



DOUBLE FEATURE : Old King Arnold


Avant FUBAR, Arnold Schwarzenegger a déjà été vieux, dans son genre inimitable : malicieux, puissant et imbattable.

Dans "Le dernier rempart", il est le vieux shérif d'une petite ville frontière sans histoire, obligé de se dresser contre les trafiquants impitoyables qui vont forcément passer par là pour fuir au Mexique. Il va tous se les faire, à coups de gunshots et de punchlines, comme à son habitude.
Mais il a aussi pris le risque de déposer les armes et de laisser la mélancolie l'envahir dans le méconnu et magnifique "Maggie". Sa vieille carcasse est fêlée, meurtrie, mais toujours debout, pour protéger sa fille zombie des humains en guerre.
Il y est sublime, comme à son habitude.

UN LIVRE, UN DISQUE (4)

SODA "Le pasteur sanglant" par Bruno Gazzotti & Olivier Boquet

&
GHOST "Phantomime" EP Clear Vinyl

Ce nouveau tome de SODA était inespéré, le décès du scénariste/créateur Philippe Tome et la consécration à la série "Seuls" du dessinateur Bruno Gazzotti semblant avoir mis un terme définitif à la série du vrai flic/faux pasteur.
Mais, après dix-huit ans et un écart avec le dessinateur Dan, le temps d'un excellent album très attendu autour du 11 septembre ("Résurrection"), un nouveau Soda par Gazzotti est là, et il est formidable !
Les codes sont habilement respectés, parfois joliment réinventés (l'ascenseur encombré), et servent même de moteur à l'histoire (l'impossibilité de se changer en vêtements flic). La trame est sacrément bien ficelée et les idées neuves très bien trouvées.

En le lisant, on écoute un autre "pasteur sanglant" : Papa Emeritus IV et ses ghoules anonymes, pour un EP de reprises de pépites des années 80, dont les titres collent à merveille à l'ambiance désenchantée et désacralisée de Soda : "See no evil", "We don't need another hero" et, surtout, un ironique et délictueux "Jesus He Knows Me."

DOUBLE FEATURE : Missions impossibles adaptées de comics


Kingsman, un comics de Mark "Kick-ass" Millar & Dave "Watchmen" Gibbons

Suicide Squad, un comics DC créé en 1959, modernisé en 1987 par John Ostrander

Troisième volet et prequel de la série de films de Matthew Vaughn, "The Kingsman" se déroule au début du XXe siècle et raconte les origines secrètes de la première guerre mondiale et la création de l'âge ce Kingsman. Un cran en-dessous des deux autres films, ce récit des origines est parfois un peu ennuyeux, notamment dans la relation très cliché entre le personnage de Ralph Fiennes et son grand dadais de fils ("Je veux aller à la guerre" / "J'ai juré à ta mère mourante que je te ne laisserais jamais aller à la guerre"), mais une fois les pesants cas de conscience surmontés, le film prend son envol et va botter des culs comme les précédents. Les combats sont fabuleux (mention spéciale à celui contre le génial Raspoutine) et les éclairs furieux de loyauté/sacrifice/amitié dans la bataille, de punchlines en poignards volants, valent plus que les mille mots trop explicites des longs débuts du film.

Confier la Suicide Squad à James Gunn, c'est comme laisser Joe Dante jouer avec Toy Story. Ah bah, ça a été fait, ça, c'est Small Soldiers! Ben là, pareil : The Suicide Squad, c'est iconoclaste, délirant, inattendu, réjouissant, ça prend par surprise, et ça réussit même à émouvoir dans des situations ridicules. Bref, c'est sublime et inoubliable.

LE DISQUE DE LA SEMAINE (34) : DARK CRYSTAL SOUNDTRACKS


 - La bande originale du film de 1982, réalisé par Jim Henson @jimhensonthemuppetmaster Musique de Trevor Jones, en édition vinyle noir originale


- La bande originale de la série Netflix, prequel ambitieuse, intelligente, inventive et fascinante, très respectueuse de l'univers et des techniques d'animation du film d'origine. La série a été développée en partenariat avec @jimhensonscreatureshop, qui a également créé les nouvelles marionnettes et les décors.
Musique de Samuel Sim et Daniel Pemberton, en édition double vinyle noir et picture disc.

DOUBLE FEATURE : Loup-Garous des années 80

 

La séduction magnétique, sensuelle et bestiale chez Joe Dante, entre désir et menace (maquillages et transformations par Rob Bottin) ; La violence cauchemardesque, incontrôlable et horrificomique chez John Landis, entre douleur et culpabilité (maquillages et transformations par Rick Baker @therickbaker)

LE DISQUE DE LA SEMAINE (33) : Soundtracks of our lives - AT THE MOVIES

 

Après avoir remonté le temps en DeLorean pour créer l'univers poético-futuriste eighties de The Night Flight Orchestra, les Suédois de Soilwork s'ennuient pendant les confinements et décident de revisiter les classiques des chansons de films en mode hard rock.
Rocky IV, L'histoire sans fin, Flashdance, Mad Max au-delà du dôme du tonnerre, Retour vers le futur, Le flic de Beverly Hills, Dirty Dancing, etc. ré-interprétés avec passion, respect et puissance.

DOUBLE FEATURE : Commando badass


 15 ans après "Gremlins", le sale gosse d'Amblin dynamite à nouveau une petite ville américaine, cette fois-ci à coups de figurines d'action militaires démentes et destructrices.

Parmi toutes les idées géniales de Joe Dante, l'une est particulièrement fabuleuse : confier les voix des Soldiers aux vétérans survivants des "Douze salopards" (Robert Aldrich, 1968).
Pour faire parler les Gorgonites, les figurines ennemies déjantées des Soldiers, les trois Spinal Tap reprennent le micro !
Et dans la jolie bouche des Gwendy Dolls, sortes de poupées Barbie charcutées et bricolées pour servir de renforts aux Soldiers, les badass baby dolls Sarah Michelle "Buffy" Gellar et Christina "Sleepy Hollow" Ricci.
En bonus, "Communication Breakdown", de Led Zeppelin, deux ans avant "Presque célèbre", de Cameron Crowe qui croyait à tort être le premier à avoir le droit de ledzeppeliner sa bande originale.

UN LIVRE, UN DISQUE (3)

 

Dans un univers rétro-futuriste inspiré des conceptions scientifiques du système solaire au XIXe siècle, la merveilleuse série "Les chimères de Vénus" parle d'amour fou, de voyage fantastique, de conquêtes mégalomanes. Peuplé de créatures horrifique à la beauté tortueuse et d'êtres humains à la volonté sublime, ce monde poétique et fascinant se découvre en écoutant "Imaginaerum", l'immense album de Nightwish, aux thèmes et à l'imagerie similaires.
Embarquez dans un insubmersible tout de métal et d'ether sur la Rivière de l'Amour de Vénus ou sur la Ghost River de l'Imaginearum.

jeudi 30 novembre 2023

DOUBLE FEATURE - La vie comme un jeu vidéo / Life as a video game

1) SCOTT PILGRIM

Pour conquérir la belle et fascinante Ramona Flowers, Scott Pilgrim doit d'abord vaincre La Ligue des Sept Ex Maléfiques. Des ellipses temporelles inexplicables aux combats furieusement funs et fabuleusement filmés, difficile de savoir si Scott est victime de son imagination, de ses hormones ou même d'autisme, mais c'est tellement génial qu'on s'en
fout complètement ! La plus belle, la plus folle et finalement, la plus vraie des mises en images de l'adolescence qui s'enfuit et de l'amour qui bouleverse tout.

2) BOSS LEVEL
Pris dans une boucle temporelle dont il ne sort jamais vivant, Ray Pulver doit chaque fois aller plus loin avant d'être abattu (ou poignardé ou mitraillé ou découpé ou...) pour comprendre, se défendre et, finalement, survivre. Entre Matrix et Un jour sans fin, une comédie d'action ultra efficace, futée et réjouissante, avec le doux, dur et dingue Frank Grillo et le vrai boss Mel Gibson.

DOUBLE FEATURE : Sydney Poitier

 



1) Randonnée pour un tueur : un gros coup de cœur de quand j'étais ado, pas revu depuis trente ans, et qui a super bien passé l'épreuve du temps : ce n'est pas seulement un bon souvenir, c'est un très bon thriller 80's, bien mené et bien convaincant. Aux côtés du grand Sydney Poitier, très à l'aise en agent du FBI, le minéral Tom Bérenger, un de mes chouchous de l'époque (Platoon, La main droite du diable), un peu oublié aujourd'hui.
2) La bataille de la vallée du diable : découvert aujourd'hui, un grand western méconnu, par le réalisateur du traumatisant "Soldat bleu", à la fois classique et sauvage, quelque part entre John Ford, Richard Brooks et Sam Peckinpah. Avec Sydney Poitier, félin et classieux, James "Maverick" Gardner en éclaireur vengeur et solitaire, et toute une galerie de seconds rôles très bien écrits, dont un magnifique personnage féminin, qui préfigure la Dressée- avec- le- poing de "Danse avec les loups".

mercredi 29 novembre 2023

UN LIVRE, UN DISQUE (2)

 

Quand on parle du loup blanc, on pense à Elric de Meniboné, alors on lit la somptueuse intégrale du premier cycle d'"Elric", adapté de Michael Moorcock par Julien Blondel, sous les couvertures de Jean Bastide. Et on pense aussi à Geralt of Rivia, alors on écoute aussi le vinyle de la bande originale de la série Netflix, en version collector limitée white vinyl. Et on pense enfin à Ghost, dans "Game Of Thrones", mais on n'a rien pour lui, là.

UN LIVRE, UN DISQUE (1)

 

Un western classique, avec un titre déjà lu, avec tous les personnages habituels : l'apprenti cow-boy, le prêcheur fou de Dieu, le métis mal dans sa peau, la prostituée au grand cœur, le shérif corrompu, le patron de saloon vénal, le chasseur de primes impitoyable, etc. Rien de neuf sous le soleil de l'Ouest, alors ?
Au contraire : les personnages sont connus, mais tellement plus vrais qu'on ne les a jamais lus, frissonnants de vie et brûlants de mort, sans autre avenir que celui ne pas mourir aujourd'hui, sans autre envie que celle de ne pas regarder en arrière.
Et au milieu d’eux et d’elles, il y a Abigail Stenson, jeune hors-la-loi en cavale, fatiguée de fuir, seule au bout de sa piste, étrangère et fantômatique, libre de la seule façon possible : en étant depuis longtemps prête à mourir.
Itinéraire d’une enfant cassée, à suivre au son de la beauté mortifère des chansons de Lana Del Rey, mélancolique, désenchantée et "born to die".

dimanche 30 avril 2023

DOUBLE FEATURE : Révolution et fantôme

 

1) L’ÉCHINE DU DIABLE, de Guillermo Del Toro (2001)

Un orphelinat isolé pendant la guerre civile espagnole, un mystère autour de la mort d’un jeune pensionnaire, le danger latent d’un obus défectueux planté au milieu de la cour, les tensions entre révolutionnaires au cœur rouge et profiteurs à l’âme noire, et toujours cette poésie folle et cette beauté violentée des images de Guillermo Del Toro.

2) QUEIMADA, de Gillo Pontecorvo (1968)

Avec une métaphore sur les avantages et inconvénients comparés de la prostituée et de l’épouse, Sir William Walker théorise la fin de l’intérêt économique de l’esclavage. Pour mettre le feu aux poudres d’un soulèvement illusoire (les maîtres portugais céderont la place aux riches entrepreneurs locaux), il trouve un meneur intelligent et charismatique parmi les esclaves et lui apprend l’art de la révolution.

La prestation de Marlon Brando est phénoménale : dans ses discours marxistes déclamés sans passion, dans ses regards aussi froids sur le malheur des indigènes que sur l’opulence des puissants, en frère d’armes des opprimés et en compagnon de fortune des puissants, il occupe tous les fronts sans jamais sembler se positionner. Jusqu’à la capture de José Dolores, devenu le Spartacus de la petite île antillaise, révolté contre tous sauf les siens, prêt à devenir le martyr dont sa révolution a besoin pour être éternelle. Et c’est là, enfin, que Sir William Walker comprend qu’il a peur des fantômes.


lundi 24 avril 2023

TRIPLE FEATURE : "Coups de poings dans la gueule dans une Amérique de merde"



TRIPLE FEATURE "Coups de poings dans la gueule dans une Amérique de merde"

1) Le bagarreur (Hard Times), de Walter Hill
Ambiance "Rocky pendant la Grande Dépression", avec les deux mercenaires et grands évadés Bronson & Coburn, dans ce qu'ils savent faire de mieux : le taiseux et la grande gueule, la brute minérale au visage escarpé et le roublard au sourire enjôleur, le vieux tigre et le grand singe. Et au milieu, Jill Ireland, touchante de faux espoirs et de mauvaise vie, belle comme une femme perdue. Le titre français fait croire à un film de baston, c'est finalement un film de combat contre la vie qui tabasse, et sur des types qui cherchent seulement à rester debout un peu plus longtemps.



2) Invasion Los Angeles (They Live), de John Carpenter
Un pitch ultra simple et efficace, carpenterien en diable : les riches et les puissants sont en réalité des aliens qui abreuvent les humains de messages subliminaux d'obéissance et de consommation via la télévision ; un petit groupe de résistants, en mode "V", a inventé des lunettes de soleil qui permet de les démasquer : il va s’agir de les révéler au reste de l'humanité ; ce que va s'employer à faire notre héros, joué par le catcheur Roddy Piper, étonnamment convaincant en chômeur chemise à carreaux et nuque longue, aussi crédible en brute sympa dépassée par les événements qu'en improbable sauveur de l’humanité.

Les rues de L.A. sont dégueulasses, les boulots sont merdiques, les héros vivent dans des bidonvilles, les riches et les puissants sont des extra-terrestres ou des vendus : l’Amérique de Reagan selon Carpenter, où, pour avoir l’aide d’un copain, il faut d’abord lui casser la gueule dans une bagarre d’anthologie, pour le convaincre de mettre les putains de lunettes de vérité.

3) Sur les quais (On The Waterfront), d’Elia Kazan

Et si Rocky Balboa avait continué à faire le collecteur de dette pour Tony Gazzo, le caïd local ? S’il n’avait pas été choisi comme challenger par Apollo Creed ? S’il n’avait pas récupéré son casier au gymnase de Mickey ? En gros, s’il était resté coincé dans la première scène du film dans son appartement minable, devant son reflet, honteux sous le regard du jeune garçon souriant, plein d’espoir et de rêves qu’il était sur la photo accrochée au miroir.

Voilà ce qui se serait certainement passé : il aurait fini par ne plus supporter de bousculer les copains en galère pour le compte d’un petit truand, il aurait regretté d’avoir gâché ses jeunes années de boxeur prometteur, il aurait eu honte de s’être couché une fois de trop dans un combat truqué, et, avec Adrian comme phare dans sa nuit, il se serait dressé, seul contre tous, pour mettre fin au racket organisé, ramener un peu de justice dans le quartier et se prouver enfin à lui-même, que non, « he’s not a bum ». Après une raclée en règle, dont il se relèvera plus grand.

Ce film existe, c’est « Sur les quais », avec Marlon Brando dans le rôle de Terry Malloy, animal blessé et encombré de son corps qui ne bouge plus assez, modèle évident et assumé de Sylvester Stallone.