dimanche 30 avril 2023

DOUBLE FEATURE : Révolution et fantôme

 

1) L’ÉCHINE DU DIABLE, de Guillermo Del Toro (2001)

Un orphelinat isolé pendant la guerre civile espagnole, un mystère autour de la mort d’un jeune pensionnaire, le danger latent d’un obus défectueux planté au milieu de la cour, les tensions entre révolutionnaires au cœur rouge et profiteurs à l’âme noire, et toujours cette poésie folle et cette beauté violentée des images de Guillermo Del Toro.

2) QUEIMADA, de Gillo Pontecorvo (1968)

Avec une métaphore sur les avantages et inconvénients comparés de la prostituée et de l’épouse, Sir William Walker théorise la fin de l’intérêt économique de l’esclavage. Pour mettre le feu aux poudres d’un soulèvement illusoire (les maîtres portugais céderont la place aux riches entrepreneurs locaux), il trouve un meneur intelligent et charismatique parmi les esclaves et lui apprend l’art de la révolution.

La prestation de Marlon Brando est phénoménale : dans ses discours marxistes déclamés sans passion, dans ses regards aussi froids sur le malheur des indigènes que sur l’opulence des puissants, en frère d’armes des opprimés et en compagnon de fortune des puissants, il occupe tous les fronts sans jamais sembler se positionner. Jusqu’à la capture de José Dolores, devenu le Spartacus de la petite île antillaise, révolté contre tous sauf les siens, prêt à devenir le martyr dont sa révolution a besoin pour être éternelle. Et c’est là, enfin, que Sir William Walker comprend qu’il a peur des fantômes.


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