dimanche 20 décembre 2009

FAITS DIVERS : Jill/Stairway To Heaven

NDLA
Les faits divers illustrent le concept suivant : une chanson et une image s'associent pour s'éclairer, se compléter ou se contredire l'une l'autre.

And as we wind on down the road,
Our shadows taller than our soul,
There walks a lady we all know
Who shines white light and wants to show
How everything still turns to gold
And if you listen very hard
The tune will come to you at last When all are one and one is all
To be a rock and not to roll

And she’s buying a stairway to heaven


Image : Claudia Cardinale, as "Jill" in Once Upon A Time In The West
Words : Stairway To Heaven by Led Zeppelin

vendredi 18 décembre 2009

La Madeleine de Predator

L'intérêt de revoir des films qu'on a dévorés enfant ou adolescent, c'est de mesurer combien on a grandi, changé, mûri. Ou pas.
En revoyant Predator, je me suis dit deux choses : un, j'ai dû le voir une bonne centaine de fois pour me rappeler aussi précisément, quinze ans après, les mots (peu nombreux et très grossiers : "Bordel de merde, pute de pute de pute de pute, j'ai déjà vu de la merde question brousse pourrie, mais pire que celle-la, faut chercher"), les carnages (peu nombreux et très bruyants : un bon hectare de forêt déboisée à l'aveuglette par la troupe de soldats musculeux qui commence à paniquer), deux, je suis toujours aussi abasourdi par ce huis-clos sauvage dans une jungle hostile, que fasciné par le charisme d'Arnold Schwarzenegger, sa mâchoire, ses biceps, son cigare.


mardi 24 novembre 2009

NOËL CHEZ LES MUPPETS

Pour se faire rêver avant l'heure (même si c'est carrément l'heure dans les magasins), on aime bien regarder des films de Noël dans notre bibliothèque et devant notre poële (pour ceux qui connaissent, je prends avec notre intérieur les mêmes libertés que Pascal Thomas avec le centre de Nantes et Ron Howard avec le premier arrondissement de Paris) et se chauffer le coeur et les pieds.

Aujourd’hui, c’était Noël chez les Muppets (The Muppet Christmas Carol) de Brian Henson, une adaptation joliment fidèle (dans le texte) et joyeusement décalée (dans la mise en scène) du conte de Noël de Charles Dickens. Délicieux mélange de marionnettisme et de filmisme, Noël chez les Muppets réussit le pari de rendre touchante cette histoire tellement connue (Michael Caine dans le rôle de Scrooge y est pour beaucoup) et d’amuser les grands enfants avec le ton et l’imagerie muppet à laquelle on est libre de ne pas accrocher.
Personnellement, on ne pourrait pas me décrocher.










Pour les fans, les affiches muppets détournées :







A noter : Jim Henson, le créateur des Muppets, de Labyrinth et de Dark Crystal est décédé le 19 mai 1990 et sa Jim Henson Creature Shop est maintenant la boutique de son fils Brian.

vendredi 20 novembre 2009

THE CIRCLE : à balles réelles

Dans Le bon, la brute et le truand, Blondin déclare à Tuco : « le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un revolver chargé et ceux qui creusent. »

Depuis Keep The Faith (1993), premier véritable virage vers une musique plus adulte, plus maîtrisée, plus diversifiée et, osons-le dire, moins enthousiasmante, les disques de BJ peuvent se ranger dans ces deux mêmes catégories. En effet, certains albums sont de véritables déflagrations de rock, presque sans temps morts, guitares agressives et voix conquérante ; les autres ne décollent pas, la faute à une production trop lisse ou des compositions trop soporifiques.

The Circle fait partie de la première catégorie, aux côtés de Crush et de Have A Nice Day.

A l’instar de ces deux opus, The Circle met les choses au point dès le titre d’ouverture : «We Weren’t Born To Follow» marche dans les traces des meilleurs morceaux de BJ, «Born To Be My Baby», «It's My Life» ou «Have A Nice Day». De même «Work For The Working Man» ravive le souvenir de «Livin' On A Prayer», avec sa ligne de basse presque identique et ses paroles prolétaires à la Springsteen, les docks, le chômage, les grèves.
Puis les morceaux s’enchaînent au rythme des guitares affûtées de Richie Sambora et des fûts malmenés de Tico Torres. La voix de Jon Bon Jovi, si elle n’a pas (et n’aura sans doute plus jamais) la splendeur de New Jersey ou Keep The Faith, a (le plus souvent) la force qui lui manquait sur les disques les plus transparents du groupe.

Seul impair de l’album, la ballade «Live Before You Die», parfaite illustration de ce que BJ fait maintenant de plus ennuyeux, piano plaintif, cordes envahissantes et voix mielleuse. Mais là où BJ nous livrait sur Bounce et Lost Highway quatre ou cinq de ces indigestes sucreries, The Circle (comme Have A Nice Day) ne s’apaise que le temps de ce seul morceau, vite oublié, pour repartir de plus belle.

Comme un revolver chargé.

dimanche 15 novembre 2009

LOST HIGHWAY

A la veille de recevoir le nouvel album de BJ, il est temps de se pencher à nouveau sur le cas de Lost Highway, son prédécesseur maudit, l’album fantôme de BJ. Fantôme parce que pour la première fois dans notre histoire (à BJ et moi, je veux dire), je n’ai pas su l’aimer et je m’en suis désintéressé. Et attention, on parle relation de groupe à groupie ; j’aime tout ce que fait BJ, je suis d’accord avec tout ce que dit BJ, et je veux les fringues et les cheveux de BJ (moins maintenant peut-être, mais un récent retour de flammes pour les films d’Arnold Schwarzenegger m’empêche de jeter sur ce passé un regard véritablement blasé). Et là, je n’ai écouté le disque qu’une dizaine de fois, et encore d’une oreille vite inattentive. Et pourquoi ?
D’abord, parce que là où Have A Nice Day réaffirmait la personnalité rock de BJ, Lost Highway révèle plutôt un caractère folk («Whole Lot Of Leavin’»), parfois country («Everybody’s Broken», «One Step Closer»), qui, sans être déplaisant, commence par faire sourire, puis agace, pour finalement lasser.
Ensuite, parce que les guest stars venus d’ailleurs (à savoir la pop très sucrée ou le rap rock) rendent ce disque bancal et trop ouvertement destiné à séduire un public le plus large possible. (Et attention, vous lisez les mots de quelqu’un qui possède (et écoute !) les trois premiers disques de Britney Spears, deux albums de Pink et qui confesse une indulgence coupable pour Ricky Martin). Ainsi, comme Def Leppard dans le rien moins que convaincant Songs From The Sparkle Lounge, qui invite le sympathique mais très cow-boy Tim McGraw, BJ reçoit en ses murs (qui vibrent beaucoup moins pour l’occasion) LeAnn Rimes, Hillary Lindsey et Big & Rich, qui co-écrivent les titres et pour qui BJ diminuent notablement le volume des amplis et la force de cogne sur les fûts.

Heureusement, l’ami John Shanks, déjà producteur et co-auteur de Have A Nice Day, a repris sa place et dynamite tout de même quelques titres finalement drôlement séduisants : « Lost Highway » est ses hey, hey, très Desmond Child, «Summertime» et son riff tranchant, «You Want To Make A Memory», ballade pour une fois originale, «Any Other Day» au refrain entêtant, «The Last Night», vrai melodic rock tel que BJ le fait le mieux…

Donc un album en demi-teinte, pas vraiment raté mais un peu dispensable, dont l’écoute reste agréable mais laisse une impression d’ennui discret.

jeudi 22 octobre 2009

DANGER DANGER : Like nothing's changed

En 1989 déboule de New York un groupe qui doit à Def Leppard ses textes hautement suggestifs ("I can't believe all the noise you're makin', Am I really that good or are you just fakin'?"), à Poison son chanteur sexismatique, à Europe ses claviers, à Bon Jovi ses coiffeurs, à Mötley Crüe cru 1989 ses T-shirts & jeans déchirés.

Après deux albums modèles du genre, le chanteur Ted "let's get naughty naughty" Poley va taquiner d'autres belettes, de plus ou moins bonne grâce...

Retour en fanfare cet automne avec Revolve, premier album depuis 1993 avec l'inimitable Ted au micro !

Car il se passe quelque chose de formidable depuis cinq ans : les groupes qui avaient dû déserter le paysage rock au tournant des années 90 (la faute aux labels qui ont tous cru alors qu'il ne fallait plus distribuer que du grunge) font leur retour, tête haute, cheveux longs et rides au front. Et encore mieux : ils ne cherchent pas à plaire au XXIe siècle, ils font comme si rien ne s'était passé et ils n'en veulent à personne. Comme le chante Danger Danger dans "That's What I'm Talking About" : "Gonna hit the ground running like nothing's changed".

Et Europe, Mötley Crüe, Poison, Winger, Ratt, tous tournent à guichets fermés, comme pour nous faire croire que ces vingt dernières années n'ont pas existé. Même si, à les voir, on a quand même du mal à être dupe :

MÖTLEY CRÜE 1986/2007





POISON 1988/2005






EUROPE 1988/2009





RATT 1988/2009



mercredi 8 juillet 2009

MANOWAR : HellFest 2009

Bon, finalement, j'ai manqué MANOWAR à la HellFest.

Concert à une heure du matin avant trois quarts d'heure de route pour rentrer sourd et une sortie cinéma le lendemain avec mes trente-huit élèves et quatre mamans m'ont gardé à la raison et à la maison.

Mais les vidéos amateurs sur YouTube m'ont confirmé que oui, ils étaient nus sous leurs cuirs, oui, Joey DeMaio a fait pleurer sa basse toute seule pendant cinq minutes, oui, Eric Adams a chanté "Die" et "Steel" et "Kill" et "Power" en hurlant les voyelles, oui, ils ont joué "Kings Of Metal", "Brothers Of Metal" et "The Gods Have Made Heavy Metal".

Un HellFester qui aurait pu être moi a ces mots sur le forum de la HellFest :
"Manowar, ça correspond au metal de ma jeunesse, même si je n'écoute plus trop aujourd'hui. Manowar faisait partie des groupes pour lesquels je me suis déplacé. Même si j'aime bien le groupe, ça m'empêche pas d'en rire. Manowar c'est un groupe de clichés, et ils ont fait ces clichés sur scène. Ca me fait marrer et j'ai bien aimé. Indépendamment du style musical, en tant que tête d'affiche, j'ai trouvé Manowar proche du public."

Et pour me faire regretter encore plus, quelques commentaires lus sur le forum de la HellFest:

"Les mecs, tu leur enlèves les 5 mots magiques "steel, metal, fight, war et manowar", il reste plus rien, aucune parole .... Je ferai l'impasse sur les costumes, je veux pas être blessant."

"Surtout, ce qui m'a choqué, c'est l'ego surdimensionné de ces mecs : si on les écoute, pendant le speech de 20 minutes, ce n'est pas manowar qui est venu au hellfest, c'est le hellfest qui est venu à manowar..."

"1 fan de manowar en vaut 100 !"

Alors choisissez votre camp avant de regarder le solo de basse et un extrait du concert sur YouTube !

lundi 15 juin 2009

MANOWAR : sublime et grotesque

Sublime, parce que depuis près de trente ans, MANOWAR livre avec une conviction et une sincérité inébranlable la même musique carrée et vindicative quels que soient les modes, leur label, le line-up.
Grotesque, parce que convaincu sans les moindres doute, ironie ou recul d'être absolument indispensables au monde de la musique en général et du metal en particulier, MANOWAR divise subtilement le monde en deux : leurs fans, qui ont tout compris, et les autres, qui peuvent crever.

dimanche 17 mai 2009

MANOWAR : tonnerre et tempête

Finalement, la musique de MANOWAR dans mes oreilles de 2009 est plus proche du power metal de SAVATAGE que de l'assourdissant tonnerre de basse et de batterie qui m'était resté en mémoire et dont je devais m'écarter pour toujours. L'analogie des pochettes aurait d'ailleurs dû me mettre la puce à l'oreille d'avant 2009 :




Si Kings Of Metal s'est finalement avéré assez décevant, The Triumph Of Steel est une révélation : la production est titanesque, les morceaux sont épiques et "Achilles" est une splendeur. Toute la musique de MANOWAR est là : une ouverture instrumentale sauvage ("Prelude"), une rythmique classique martelée sans relâche ("Hector Storms The Wall"), un interlude méodramatique ("The Death Of Patroclus"), une marche funèbre électrique ("Funeral March"), un déluge de batterie solo ("Armor Of The Gods"), une frissonnante complainte ("Hector's Final Hour"), une tempête de guitares frénétiques ("Death Hector's Reward"), la basse ensorcelée de Joey DeMaio ("The Desecration Of Hector's Body"), un final épique et flamboyant ("The Glory Of Achilles").

Mais la plus grande qualité de la musique de MANOWAR est aussi son plus grand défaut : la conviction avec laquelle les Musclés du Metal assènent leurs riffs finit par devenir un peu ridicule...
(À suivre)

samedi 16 mai 2009

MANOWAR : il était une fois

Quand j'étais lycéen et que les portes du monde de la musique s'ouvraient à moi (ou plus exactement, qu'Yves-Marie m'ouvrait les portes de son monde de la musique), j'éprouvais pour MANOWAR fascination et méfiance. En effet, Yves-Marie présentait MANOWAR comme un groupe résolument brutal, trop brutal pour mon petit univers fragile, peuplé alors en tout et pour tout d'un jeune Italo-Américain tatoué d'un logo de Superman. Mais les pochettes des disques de MANOWAR, inspirées de l'imagerie la plus virilisée de la mythologie nordique,


trouvaient faveur dans les yeux de fan (toujours pas repenti à ce jour) d'Arnold Schwarzenegger (je l'écris de mémoire, c'est dire).




Et j'étais particulièrement fasciné par l'ouverture de Triumph Of Steel, que la quatrième de pochette annonçait comme un morceau long de 28 minutes mettant en musique l'affrontement mortel entre Achille et Hector, en huit parties : "Achilles, Agony And Ecstasy In Eight Parts".

Mais l'écoute audacieuse, quoiqu'approuvée par Yves-Marie Miyagi, de Kings Of Metal confirma la décourageante robustesse musicale annoncée...

Quinze ans plus tard, et bien que mon petit univers fragile se fût considérablement endurci - un rouquin grimaçant, des citrouilles furieuses et un nabot génial en ont fissuré les limites-, le précepte de mon maître demeurait inattaquable : MANOWAR, trop brutal.

Mais MANOWAR est cet été à l'affiche de la HellFest et la curiosité (et le prix des billets à la journée!) a été la plus forte...

(À suivre)