LIVE AND DIE IN TOMBSTONE AND DEADWOOD

LA POURSUITE INFERNALE,
de John FORD (1946)
Alors, surprise : je ne l'avais jamais vu ! J'en avais pourtant tellement d'images dans la tête, venues en particulier de mon livre de chevet "80 grands succès du western" : Henry Fonda, impassible sur son fauteuil devant son bureau, pied contre le poteau de la rambarde, avec Linda Darnell qui lui gueule je-ne-sais-quoi dans les oreilles ; Victor Mature, minéral et menaçant au bar, feignant de ne pas calculer Fonda derrière lui, mais qui est évidemment prêt à lui en retourner une s'il l'emmerde ; et la darling Clementine du titre, qui... Ah ben, non, tiens, elle, je ne vois pas qui c'est, à part que, contrairement à ce que j'ai toujours cru, ce n'est pas Linda Darnell, trop occupée qu'elle est à jouer Chihuahua, la tigresse mexicaine sexy, grande gueule, farouche, et finalement amoureuse tragique. Et c'est même étonnant que le titre lui fasse moins honneur qu'à la transparente Clementine (qui n'apparaît même pas sur les affiches, d'ailleurs). Franchement, on aurait préféré un "My tragic Chihuaha", même si on n'aurait quand même pas plus compris le rapport avec le plus important du film: la montée en puissance inéluctable de l'antagonisme frères Earp/clan Clanton, jusqu'à l'affrontement final en règle. Et, en plus, comme c'est du John Ford, s'intercalent des scènes apparemment anodines sur la vie dans Tombstone (un spectacle de théâtre, une partie de cartes, un repas partagé), qui en disent finalement aussi long sur les personnages que les scènes de tensions et de fusillades.
DEADWOOD, de Daniel MINAHAN (2019)
Quel bonheur de reprendre le train pour passer deux jours dans la ville western la plus violemment attirante de la télévision ! Dix ans après, on se retrouve donc à Deadwood, à peu près pacifiée (on y fête l'entrée officielle tant attendue/redoutée de la ville dans l'état du Sud Dakota), et on y entre aussi émerveillé et anxieux qu'autrefois. Passée l'impression grisante de revoir des anciens amis et ennemis, et parfois les deux à la fois (et ouf ! Tout le monde est encore vivant !), on est vite remis dans l'ambiance de crasse, de poudre et de stupre, mais aussi de loyauté, d'amitié et de tension, ambiance de western non en tant que genre codifié, mais comme un récit humain débarrassé de toute mythologie. Comme autrefois, les situations, motivations et dialogues sont tantôt limpides tantôt cryptiques, sans nuire à la progression du récit, et on redoute autant qu'on les espère les coups de feu, toujours rares, brefs et brutaux. Une très grande réussite, à hauteur de l'inoubliable série.
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