mercredi 16 avril 2025

JOUR 15 : DOUBLE FEATURE

DOUBLE FEATURE : HÉROS VENGEUR

NAVAJO JOE, de Sergio CORBUCCI (1967)

En 1967, Sergio Corbucci n'est pas un pied-tendre du western : il a déjà dégainé DJANGO (1966), premier du nom, dans lequel il montrait déjà sa fascination pour les mystérieux étrangers et la souffrance plus ou moins masochiste, qu'il explorera toute sa carrière durant ; c'est le Sergio sadique et vengeur, quand Leone était le Sergio baroque et amoureux de l'Amérique, et Sollima le Sergio politique et romantique. Dans NAVAJO JOE, c'est le très viril Burt Reynolds qui traque, venge et souffre. Encouragé par son ami Clint Eastwood à rejoindre l'Espagne pour y tourner des westerns italiens, Burt s'y rend de mauvaise grâce, passe le film à se demander ce qu'il fout là, et se défoule à coups de cascades un peu folles, de mitraillage rageur à la winchester, et de regards lourds de menaces. Tout ça sert fort bien le propos du film, et Reynolds a rarement été aussi bien en héros solitaire imbattable. Autour de lui, tout le monde fait le job : les mexicains sont suants et grimaçants, les bourgeois de la ville sont veules et fourbes, les femmes sont fières et sensuelles, et si les dialogues sont assez ineptes, ils prennent comme toujours un joli tour en version française (toute la bande des doubleurs des Sergio Leone est là). Enfin, la mise en scène, parfois un peu brouillonne (les interminables plans de galopade de bande qui remplissent des minutes pour rien), a une vraie personnalité.

ZATOICHI, de KITANO Takeshi (2003)

Le personnage de Zatoichi, héros de la littérature populaire japonaise, va comme un fourreau sur une canne-épée à Takeshi Kitano, qui délaisse ici ses lunettes noires, son costard minable et ses flingues automatiques pour les sandales et le kimono crasseux d'un masseur aveugle. Mutique, la tête inclinée, le visage agité de tics nerveux et traversé d'éclats de rire intempestifs, Kitano s'approprie et remodèle le personnage à sa façon, et le rend évidemment fascinant. Les seconds rôles tiennent bien en place aussi, alliés maladroits, ennemis malfaisants, femmes rebelles, rônin ténébreux. L'humour, bien japonais, fait pourtant souvent mouche, en particulier dans des séquences burlesques (la coupe du bois, la leçon de combat au bâton), qui rappellent le cinéma muet de Buster Keaton — auquel on a très justement comparé Kitano. Et surtout, les combats au sabre sont fulgurants, loin des clichés des interminables passes d'arme tzim-tzam-tzoum : ici, un seul coup porté, préparé à l'avance, qui doit être immédiatement fatal ; sinon, c'est l'ennemi qui touche. À ce titre, le duel final, très attendu, entre le masseur et le rônin est fabuleux: un coup chacun, simultané, et tout est dit.

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