mardi 8 avril 2025

JOUR 7 : DOUBLE FEATURE

SF PARANOÏAQUE À NEW YORK

L'INVASION DES PROFANTEURS, de Philip Kaufman (1978)

Les humains sont peu à peu remplacés par des extra-terrestres en forme de cosse géante (on dirait la courgette de concours de Gromit !), qui reproduisent puis éliminent les modèles. Étrange ambiance de résistance de plus en plus absurde et vaine, et le calme évident et rassurant de la population "aliénée". LEs séquences organiques (volontairement) écœurantes de duplication s'entrechoquent avec les tentatives de persuasion pacifiques des dupliqués, d'autant que les souvenirs et la personnalité des humains subsistent dans les extra-terrestres, mais les émotions négatives, colère, peur, jalousie, etc. ont disparu. C'est révoltant et tentant, à la fois, un pur film de science-fiction comme on en faisait avant : intelligent, politique et passionnant. 

SOYLENT GREEN (Soleil vert), de Richard Fleischer (1973)



New York, quelque cinquante ans dans le futur (comme le film date de 1973, ce futur, c'est 2022) : climat étouffant, surpopulation, pollution, manque d'eau et de nourriture, les très riches dans les tours de luxe, comme des dieux, et les autres dans des taudis invivables, comme des vers. Et comme le début de ce monde de cauchemar est annoncé par un prologue glaçant de fin du monde à coups de photos bien réelles de l'agence Magnum (pollution, décharges, surpopulation, manifestations, répression), ça fait salement froid dans le dos. Mais "Soylent Green", au-delà de son aspect (volontairement) prophétique, c'est avant tout un polar sans esbrouffe, une enquête sur l'assassinat, maquillé en cambriolage raté, d'un membre du Ceux-Qui-Décident-De-Tout-Et-Qui-Se-Font-Plein-De-Pognon (je ne me rappelle plus comment ils appellent ça dans le film, mais aujourd'hui, on appelle ça les GAFAX). Sauf que, mystère : au moment de mourir (on assiste à la scène, on connaît donc bien le coupable et les commanditaires), il accepte la sentence comme une libération, alors que, franchement, il a tout ce qu'il veut et n'en est pas lassé (ce n'est pas du tout le vieux désabusé à la richesse déprimante) : un super appart sur l'olympe new-yorkaise, une jeune et sexy épouse-employée sincèrement attachée à lui, un physique et une santé bien conservée (c'est Joseph Cotten, le brave gars de "Duel au soleil" complètement éclipsé aux yeux de Jennifer "Pearl" Jones par le bad boy toxique Gregory Peck).

Tout fonctionne dans le film, le charisme déjà un peu fatigué de Charlton Heston (qui n'a pas l'air de réaliser qu'il tourne un film de gauche), la présence intelligente et sensuelle de Leigh Taylor-Young (déjà promise à Heston dans "La planète des singes"), la sagesse touchante de Edward G. Robinson (qui sait qu'il tourne un film de gauche, lui), au crépuscule de sa carrière et de sa vie (il meurt quelques semaines après la fin du tournage, et c'est Heston qui prononcera l'oraison), les décors, l'ambiance, l'enquête, et, in fine, le message : ça s'arrête quand, ces conneries, les mecs ?

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