vendredi 11 avril 2025

JOUR 10 - DOUBLE FEATURE

 WESTERN GLACÉ

LA DERNIÈRE CHASSE, de Richard BROOKS (1956)

Oh, il était attendu, celui-là ! J'en rêve depuis que je lis mon livre des "80 grands succès du western" (depuis environ 40 ans, donc), et que je me fais mon film à partir des images et de l'affiche : la sensualité muette de Debra Paget, la classe tranquille de Stewart Granger, la classe menaçante de Robert Taylor, et la promesse d'un plus-que-western, puisque signé du grand Richard Brooks, qui ne rate jamais son coup, quel que soit le genre : adaptations de Tennessee Williams ("La chatte sur un toit brûlant", "Doux oiseau de jeunesse") et de F. Scott Fitzgerald ("La dernière fois que j'ai vu Paris"), drame social ("Bas les masques", "Graine de violence", "De sang-froid"), ou westerns ("La chevauchée sauvage", "Les professionnels"). Alors ?
Alors, c'était encore plus que tout ça ! Tout ce que j'en espérais est là, mais aussi : des séquences folles de chasse au bison ; un audacieux et intelligent sous-texte homosexuel entre Sandy/Granger et Charles/Taylor (car leur association de chasseurs, bancale et tendue, n'a finalement aucun (autre) sens : ils ne s'entendent pas, ne sont jamais d'accord sur rien, menacent de tout plaquer quarante fois, mais ne peuvent pas se quitter — à ce titre, la scène du retour de Sandy, qu'on croyait définitivement retiré de la partie, est explicite : il ne devait pas revenir, prétend mollement venir sauver l'Indienne prisonnière, et sourit aux effusions terriblement adolescentes et totalement disproportionnées de Charles, qui semble résister à l'envie de le prendre dans ses bras) ; l'affrontement final, tellement impossible qu'il n'aura pas lieu ; et, bien sûr, la portée politique et sociale de cette chasse, symbole du pouvoir de destruction et du colonialisme sadique de l'homme blanc.
PALE RIDER, de Clint EASTWOOD (1985)

Tout est parfait dans ce film, mon western préféré du grand Clint. Le côté western classique, bien sûr, mais assez nouveau quand même : le très nord de la Californie, presque l'état de Washington tellement c'est montagneux, gris neigeux et froid ; les tamiseurs, une bande de braves types un peu paumés mais attachés à leur coin de rivière pas vraiment doré, tantôt un peu courageux, tantôt un peu bêtas, bref le genre de bons gars que Clint aime filmer avec tendresse et respect ; les méchants, un riche industriel qui saccage la montagne à coups de lances à eau pour lui faire cracher son or coûte que coûte, et un shérif corrompu, mercenaire à ses heures et ennemi du passé du preacher. Hé oui, parce que Clint, et c'est une sacrée bonne idée, est ici un drôle de révérend, un diable d'homme déguisé en pasteur fantôme, à tel point que la nubile Megan, qui a envie de lui et donc pas envie de croire à son apostolat, l'appelle "Mister Preacher". Et arrive ici l'autre grande réussite du film : son côté fantastique. Le révérend n'est-il qu'un spectre revenu d'entre les morts (tué par les six balles dont il porte les impacts sur le dos) pour se venger du fameux shérif Stockburn, portant sa foi et sa violence comme un ange de mort ?

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