POST-WESTERN & CHASSE À L'HOMME
VAMPIRES, de John Carpenter
Hard rock tendance Morricone, décors déserts et hostiles,
personnages troubles et violents, survie à tout prix et loyauté
chère payée, on est bien dans un film de John Carpenter. Mais là, encore
mieux : on a des vampires, on a des effets spéciaux KNB, et
surtout, on a un western ! Tous les films de Big John sont des
westerns déguisés, enfants bâtards hors-la-loi de son amour de
« Rio Bravo », mais cette fois, de la ville fantôme à
la prison piégée, de la prostituée sans espoir au justicier sans
états d’âme, ce sont tous les réjouissants clichés du western
qui défilent ici. Si c’est parfois too much (Thomas Ian
Griffith n’impressionne pas trop en maître vampire imbattable,
rugissant et narquois, James Woods agace un peu en tueur irascible,
poseur et rouleur de mécaniques), c’est surtout très très fun,
avec des bons moments de bravoure (le piège dans l’ascenseur, le
massacre dans le motel), et des grands moments d’émotion
(l’enterrement désacralisé des partenaires perdus, la séparation
avec promesse de traque mortelle des deux héros). Et, s’il ne
fallait qu’une seule raison de regarder (et d’aimer) ce film, ce
serait l’amour vicié et sublime qui naît entre Tony Montoya
(étonnant Daniel Baldwin) et Katrina (renversante Sheryl Lee),
toxique et apaisant comme un sommeil de mort.
APPORTEZ-MOI LA TÊTE D'ALFREDO GARCIA,
de Sam Peckinpah
Mexique miséreux, héros crasseux en perdition, destin meurtri et inéluctable, argent sale et toxique, on est bien dans un film de Sam Peckinpah. Post-western
poussiéreux et indolent, traversé de violences choquantes, à coups
de flingue, de machette ou de sexe, « Apportez-moi la tête
d’Alfredo Garcia » est aussi et surtout une errance d’amour
entre Benny, gringo déchu échoué au Mexique, et Elita, prostituée
chanteuse, romantique et pragmatique. Warren Oates, l’un des frères
Gorch de « La horde sauvage » (celui qui reprend en
hurlant la gattling après la mort de Pike), est épatant dans le
rôle de sa vie, amoureux désespéré et chasseur de prime maladroit (ou le contraire). D’abord
comédie noire, puis road-trip sanglant et finalement tragédie,
c’est le seul véritable film d’amour de Peckinpah
(avec « Guet-Apens », peut-être), et c’est ce qui le
rend inoubliable.
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