dimanche 22 mars 2015

RAMBO : Remembrance Day

Je viens de revoir Rambo pour la, quoi, trentième fois, peut-être (mais première fois depuis dix ans, au moins). Et comme souvent avec les films intelligents, celui-là ne me parle plus aujourd'hui de la même façon.
Oh, Sylvester Stallone y est toujours aussi bouleversant de violence animale et d’humanité asséchée (Sly est un grand acteur, celui qui te dira le contraire est fou).
Et je suis toujours secoué par la bêtise brutale et ordinaire des flics qui malmènent jusqu'au naufrage un Rambo déjà à la dérive.
Et je suis toujours touché par sa gentillesse quasi enfantine quand il croit avoir retrouvé son dernier frère d'arme survivant, et par le chagrin glacé qui le saisit quand l'annonce de sa mort brise en lui le dernier lien qui le rattachait à la vie.
Mais quand Rambo redevient cette machine de guerre impossible à stopper, et que rien, ni la colère ni la vengeance, ne semble plus pouvoir justifier la violence systématique et dépassionnée qu'il déchaîne sur la ville, c'est finalement le malaise qui l'emporte sur la compassion.
Et quand, enfin, vaincu par sa propre folie sanguinaire, il se blottit en larmes dans les bras du colonel Trautman, comme un enfant terrifié qui se débat dans son cauchemar, c'est toute sa détresse de bête blessée qui s'abat sur moi.

Si Richard Crenna n'est pas extraordinaire dans son rôle d'instructeur d'élite dépassé par sa créature (on se prend à rêver à Kirk Douglas, sollicité pour le rôle (1)), mention spéciale en revanche à Brian Dennehy, encore une fois parfait, qui transcende son personnage de shérif bouseux et bas du front, pour en faire un type pragmatique et lucide, empêtré dans son (très personnel) sens du devoir, sa colère coupable et son respect inavouable envers ce Rambo insaisissable et égaré.

Et un beau "Fuck you" à tous ceux qui se sont toujours moqués de ce personnage, désespéré comme une vie gâchée.

En complément, la chanson d'Iron Maiden sur le traumatisme des vétérans :




(1) Kirk Douglas avait donné son accord, à la seule condition que Trautman, finalement effaré d'avoir créé un monstre désormais inapte à vivre parmi les hommes, abatte Rambo à la fin du film. Comme le dit Douglas dans ses mémoires : "Ils auraient fait moins de millions de dollars avec les suites, mais au moins, le film aurait été honnête." Même si je reconnais que l’exécution de Rambo aurait eu du sens (si on considère la dimension certainement autodestructrice de son baroud), j'aime toujours beaucoup la dernière séquence, qui voit John Rambo menotté et escorté par Trautman, au milieu des policiers et habitants, qui se demandent encore comment cet homme a pu leur infliger ça. 
Et je n'aime toujours pas les suites qui ont fait des millions de dollars ;)

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