Quand j'ai mis The Wicked Symphony dans la platine pour la première fois, je n'en menais pas large. Parce que je l'attends depuis 2008, cette suite de The Scarecrow. Parce que pour moi, The Scarecrow, c'est l'album parfait, celui qui me reste au cœur et aux oreilles pour toujours et dont je ne pourrais plus jamais me passer. Alors, au moment d'appuyer sur "play" pour The Wicked Symphony, j'ai quand même retenu mon souffle.
Les premières mesures de l'ouverture de la chanson-titre, lourdes de menaces, puis le riff d'une noirceur limpide m'ont cueillis. Tout est là. Tragique, torturé, flamboyant : tel sera The Wicked Symphony, chef d'oeuvre absolu de Tobias Sammet, à l'apogée de son génie et de sa créativité.
En bref : deux morceaux de 9 minutes d'une immense richesse musicale et émotionnelle (« The Wicked Symphony », donc, et « Runaway Train », qui combine la guitare déchirante de Sascha Paeth et le piano très MeatLoafien de Miro Rodenberg, et offre une très belle intervention du divin Michael Kiske dans un registre grave plutôt inattendu); un mid-tempo au refrain dévastateur (« Dying For An Angel »); un morceau offert au redoutable Tim Owens, calibré Judas Priest (« Scales Of Justice »), impeccable pour peu qu'on soit fan du « modèle » (ce qui n'est pas mon cas, tant pis); deux titres heavy carrés et irréprochables (« Crestfallen », « Black Wings »); un long morceau qui passe comme un rêve, sur lequel André Matos (qui ne m'avait pas trop convaincu sur les Metal Operas et qui ne m'avait donc pas trop manqué sur « The Scarecrow ») fait des merveilles et s'harmonise à la perfection avec la voix de Sammet (« Blizzard On A Broken Mirror »); un bon vieux hard rock tout droit sorti d'un album de GottHard (à quand le formidable Steve Lee sur un disque d'Avantasia?) (« Forever Is A Long Time »); un morceau très prog (et très réussi) où le nouvel Avantasian Russell Allen joue en double avec un Tobias Sammet plus Bruce Dickinson que jamais (« States Of Matter »); une rock-ballad très plaisante même si un peu attendue (évidentes références, dans la musique et les textes, à « Lost In Space » qui bouclait « The Scarecrow ») (« The Edge »); et surtout, surtout, un speed metal (le seul de l'album), de facture ultra classique (ne serait-ce que dans sa ressemblance avec « Shelter From The Rain »), mais d'une puissance absolument hallucinante, chanté par le sublime Michael Kiske, immortel monstre de metal que seul Tobias Sammet sait invoquer dans toute sa splendeur (« Wastelands »).
Pour résumer, The Wicked Symphony est pour moi une oeuvre phénoménale et un bonheur musical sans fin. Mention spéciale à Sascha Paeth, guitariste multiforme et producteur visionnaire, et Jorn Lande, véritable seconde voix d'Avantasia, présent et parfait tout au long du disque et dans tous les registres.
Une fois apaisée l'angoisse de la déception et après l'extraordinaire bonheur procuré par l'écoute de The Wicked Symphony, la suite Angel Of Babylon ne pouvait qu'être une nouvelle collection de joyaux ciselés par Tobias le Magnifique.
Gasp ! Quelle cruelle désillusion !
Beaucoup plus hétéroclite que The Wicked Symphony (et par là même, beaucoup moins cohérent), Angel Of Babylon aligne des morceaux parfois lumineux, souvent déroutants, toujours simplistes au regard de l'ambition déployée dans le précédent volet et laisse finalement une impression de 'trop peu'.
Ça n'avait pourtant pas si mal commencé : après une joute vocale presque a cappella entre Tobias Sammet, Jorn Lande et Russell Allen, une canonnade de batterie sonne la charge d'un « Stargazers » trépidant (aux refrains : Michael Kiske et l'injustement méconnu Oliver Hartmann). Le morceau-titre « Angel Of Babylon », sans briller par son originalité, est un bon moment de solide heavy metal à la Stratovarius, puis « Your Love Is Evil » lorgne plutôt vers le melodic rock musclé à la Danger Danger.
A ce moment-là de l'écoute, sans avoir été transporté, je ne m'étais pas non plus ennuyé. Mais j'en attendais davantage, en particulier du morceau suivant, cette rencontre avec le « Mountain King » en personne, le titanesque Jon Oliva, qui avait soulevé tant d'enthousiame aux auditions organisées pour la presse.
Gasp ! Quelle cruelle désillusion ! (encore)
Certes très fidèle à l'univers de l'ex-chanteur de Savatage (violon grinçant, clochettes macabres, guitares lourdes et tranchantes), « Death Is Just A Feeling » surprend, déroute mais sans finalement séduire. A partir de là, accablé par ce rendez-vous manqué, je vais écouter les morceaux se succéder, sans déplaisir mais sans conviction. Alors c'est vrai qu'ils offrent tous de plus ou moins bons moments (on ne naît pas sous la plume de feu de Tobias Sammet sans réchauffer un tant soit peu le coeur de l'auditeur), mais aucun ne parvient jamais à s'éléver jusqu'aux sommets olympiens de The Wicked Symphony, le comble de la déception étant atteint avec le maladroit recyclage de « Promised Land », titre excellent mais déjà édité sur le EP « Lost In Space Part 2 » et dont a été « effacée » la prestation de Michael Kiske. Exceptions notables tout de même : l'envoûtant « Symphony Of Life », étrange mélange de guitares râpeuses, de majestueux choeurs d'opéra, de claviers dissonnants et de douce voix féminine (Cloudy Yang), et le final « Journey To Arcadia », à la fois mélancolique et emphatique.
En bref : un rendez-vous manqué, mais pas exempt de bons, voire de grands moments ; et le plaisir toujours intact de retrouver tous ces grands noms du métal aux côtés du superhéros Tobias Sammet.
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