Dans
Le bon, la brute et le truand, Blondin déclare à Tuco : « le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un revolver chargé et ceux qui creusent. »
Depuis
Keep The Faith (1993), premier véritable virage vers une musique plus adulte, plus maîtrisée, plus diversifiée et, osons-le dire, moins enthousiasmante, les disques de BJ peuvent se ranger dans ces deux mêmes catégories. En effet, certains albums sont de véritables déflagrations de rock, presque sans temps morts, guitares agressives et voix conquérante ; les autres ne décollent pas, la faute à une production trop lisse ou des compositions trop soporifiques.
The Circle fait partie de la première catégorie, aux côtés de
Crush et de
Have A Nice Day.
A l’instar de ces deux opus,
The Circle met les choses au point dès le titre d’ouverture : «We Weren’t Born To Follow» marche dans les traces des meilleurs morceaux de BJ, «Born To Be My Baby», «It's My Life» ou «Have A Nice Day». De même «Work For The Working Man» ravive le souvenir de «Livin' On A Prayer», avec sa ligne de basse presque identique et ses paroles prolétaires à la Springsteen, les docks, le chômage, les grèves.
Puis les morceaux s’enchaînent au rythme des guitares affûtées de Richie Sambora et des fûts malmenés de Tico Torres. La voix de Jon Bon Jovi, si elle n’a pas (et n’aura sans doute plus jamais) la splendeur de
New Jersey ou
Keep The Faith, a (le plus souvent) la force qui lui manquait sur les disques les plus transparents du groupe.
Seul impair de l’album, la ballade «Live Before You Die», parfaite illustration de ce que BJ fait maintenant de plus ennuyeux, piano plaintif, cordes envahissantes et voix mielleuse. Mais là où BJ nous livrait sur
Bounce et
Lost Highway quatre ou cinq de ces indigestes sucreries,
The Circle (comme
Have A Nice Day) ne s’apaise que le temps de ce seul morceau, vite oublié, pour repartir de plus belle.
Comme un revolver chargé.