Après s'être fait remarquer avec un
premier album bien fichu – malgré une production un peu faiblarde,
comparée à ce qui allait suivre –, Battle Beast doit déjà faire
face à un coup du sort : alors que l'aventure commence tout
juste – elle le dit elle-même dans le livret –, la chanteuse
dépose les armes, découragée d'avance par les sacrifices à
venir : concerts, tournées, enregistrements... Pourtant, Battle Beast saura
transformer ce coup du sort en coup de maître : repérée à
l'arrache sur YouTube – sur une reprise de Janis Joplin – par le guitariste et compositeur Anton Kabanen, Noora
Louhimo, sorte de fille naturelle de Blackie Lawless et d'Ann Wilson, va
emmener la Bête dans un autre monde.
Le second opus, pour être clairement meilleur que son prédécesseur, est encore un coup
d'essai, hésitant entre sa propre personnalité et le recyclage –
parfois un peu trop explicite – de ses influences, aussi diverses
qu'honorables – Manowar, Stratovarius, Accept. Mais l'éponyme
Battle Beast est déjà diablement efficace et sacrément
séduisant. Noora, encore débutante, tient avec bruit et fureur son
rôle de frontwoman, mais c'est sur le disque suivant qu'elle
va vraiment tout détruire.
Avec Unholy Savior, Battle Beast
passe l'épreuve décisive du troisième album – celui qui confirme
les espoirs ou enterre les rêves – et trouve son vrai chemin vers
les sommets : un true metal conquérant, riffs telluriques et
claviers pop 80', une sorte de Eurythmetals, rencontre
improbable – et inespérée – entre Cindy Lauper et Rob Halford, entre ABBA et Kai Hansen, entre Flashdance et Kings
Of Metal. L'extraordinaire
« Touch In The Night », qui a déclenché la colère et
le mépris des internautes, mais aussi presque trois millions de vues sur
YouTube,en est la meilleure illustration : c'est le « Girls Just Want To Have Metal »
dont on rêvait (moi, en tout cas).
Mais c'est à ce moment-là que le sol se fissure sous les pattes de la Bête : Anton
Kabanen annonce son départ, plus ou moins volontaire, pour des
raisons assez vagues, mais sans doute très classiques. La plus
plausible : ses acolytes
aspirent à plus de participation à la production et/ou la
composition des albums, le mastermind
ne contrôle plus sa créature et s'en va-t-en créer une autre, plus
docile. La plus alarmante :
la direction musicale voulue
par le groupe ne correspond plus au style du compositeur, qui s'en va
écrire ailleurs, pour d'autres.
Alors,
quand ce Bringer Of Pain
est annoncé dans les bacs, je commence par me méfier. Un premier
pré-single, « King For A Day », est de bon augure :
leur true pop metal
est toujours le même, fier et puissant, claviers décomplexés, riffs conquérants, rythmique matraquée, le groupe est à sa place,
tels qu'on les espérait, encore plus sincères peut-être, parce
qu'ils doivent (re)faire leurs preuves. Et Noora est splendide – et
pas seulement vocalement.
Et ça donne sacrément envie d'y croire encore.
Et ça donne sacrément envie d'y croire encore.
À raison :
emmené par la Metal Dancing Queen Noora, mi-sorcière, mi-princesse (ou disons trois quarts/un quart ;), l'album
est fabuleux.
Dès
le premier couplet de « Straight To The Heart », la
partie est gagnée : The Beast Is Back ! Ce premier morceau ouvre les hostilités avec une
hargne et un plaisir absolument irrésistibles. Suivront, avec le
même bonheur, le très inspiré « Beyond The Burning Skies »,
au lyrisme proche de Nightwish (comme sur le bonus "The Eclipse", avec la batterie enclume et les chœurs de cathédrale dont Tuomas Holopainen s'est fait une spécialité), le hit kick-ass
« Bastard Son Of Odin », que n'aurait pas renié Manowar (sauf les claviers, malheureux !),
la ballade mélancolique bluesy-metal
« Far From Heaven », et ses ouh-ouh-ouh enchanteurs au
solo, le catchy « Familiar Hell » et son refrain imparable, l'épique et sauvage « God Of War » (inexplicablement relégué au rang de bonus, alors qu'il aurait toute sa place sur la setlist de l'album), l'hymne heavy pop « We Will Fight », et un langoureux « Dancing With
The Beast », au titre évocateur, gorgé de claviers bombastiques, bourré d'inventivité, d'audace et de feeling, la
véritable marque de la Bête.
Mon album de l'année, sans hésiter.
"Feel the beast, go on and grasp your future!"
Puisse cet avenir être durable et radieux (et au Hellfest, putain !)
Mon album de l'année, sans hésiter.
"Feel the beast, go on and grasp your future!"
Puisse cet avenir être durable et radieux (et au Hellfest, putain !)