Red Dust, autrefois mercenaire, rancher et shérif, veut oublier qui il a été.
Crépuscule d'un homme de mort et de sang, et épitaphe d'une époque qui lui ressemblait, "Revoir Comanche" est un sublime roman graphique désenchanté.
Entre "Impitoyable" de Clint Eastwood et "Les raisins de la colère" de John Steinbeck, c'est la fin d'une époque, qui sentait la poudre et le sang, et le début d'une nouvelle ère de pétrole et de dépression.
Pour accompagner la lecture, je mets sur la platine le triple vinyle "The Promise" de Bruce Springsteen, dont la pochette rappelle les photographies de Dorothea Lange sur les migrants du Dust Bowl pendant la Grande Dépression : les lieux et l'époque de "Revoir Comanche". Et cette route, qui semble à la fois infinie et plonger dans les ténèbres, est une métaphore crépusculaire du parcours de Red Dust, légende fugitive et fantôme du passé.
Les chansons, tour à tour mélancoliques, fougueuses ou déchirantes, entre espoirs déçus et promesses non tenues, l'accompagnent jusqu'au bout de sa piste.
En épilogue, je regarde "Le dernier des géants", dernier western et dernier film de John Wayne, qui joue ici quasiment son propre rôle de légende mourante, arrivé lui aussi au bout de sa piste et prêt à partir dans un dernier coup de feu / d'éclat. Touchant, tragique et testamentaire, c'est un film imparfait mais inoubliable.
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