dimanche 6 avril 2025

JOUR 3

KING KONG, de John Guillermin

Dans le "King Kong" de 1933, le plus réussi, c'est Kong, marionnette pleine de poésie et de bestialité, et ses combats contre tout ce qui voudrait lui disputer son petit bout de femme : serpent aquatique géant, tyrannosaure, ptérodactyle, et avions de chasse. Mais ce qui ne marche pas, voire n'existe pas, contrairement à ce que prétend la fameuse réplique finale ("No, it was beauty that killed the beast"), c'est le côté "belle et la bête" : Ann Darrow est constamment effrayée par le singe géant, et passe le film à attendre qu'on la sauve, en criant (de fort belle et convaincante façon) au secours, et n'éprouve que soulagement lorsque Kong est capturé, enchaîné puis mitraillé. L'amour du primate est irrémédiablement unilatéral, faisant du film une sorte de #metoo poilu et dégénéré.

Tout le contraire de la version de 1976, dans laquelle tout marche bien, sauf...Kong ! Les motivations pétrolières, l'île mystérieuse (qui sera aussi quinze ans plus tard Isla Nublar), la coolitude de Jeff Bridges (paléontologue de choc, et non plus marin empoté), le charme érotique assumé de Jessica Lange (dans son premier rôle au cinéma, après une première carrière de mannequin), le dangereux ridicule de Charles Grodin (le futur Duke de "Midnight Run"), les dialogues écrits avec talent et intelligence, bref, de quoi faire un bon fil d'aventures, sexy et rythmé. Mais, alors qu'il est annoncé, pendant une campagne promotionnelle totalement mensongère, comme un gorille-robot géant parfaitement articulé et plus vrai que nature, Kong est en réalité pendant tout le film un... homme déguisé ! Mais heureusement, l'homme en question n'est autre que Rick Baker, créateur d'effets spéciaux et maquilleur de génie (il sera bientôt l'artisan oscarisé de "Le loup-garou de Londres", "Thriller", "Wolf"...), qui débute quasiment ici sa carrière et son histoire d'amour avec les monstres poilus (suivront "Greystoke", "Gorilles dans la brume", "Bigfoot et les Henderson", "La planète des singes"...). Et ouf, parce que le fameux singe géant mécanique, on l'apercevra tout juste quelques secondes déjà bien embarrassantes, et re-ouf, parce que le costume du film est très réussi, même s'il ne parvient évidemment jamais à faire oublier que ce n'est qu'un costume. Le reste des effets spéciaux (essentiellement constitués de nombreuses et impressionnantes miniatures) tient plutôt bien la route, et la relation "belle et la bête" est cette fois-ci sincère et touchante (les scènes du voyage vers New York, dans lesquelles Kong, enfermé dans un réservoir géant du pétrolier, réalise la vanité de son amour, sont déchirantes, et sont probablement les plus belles images de tous les films de Kong), et inspirera certainement Peter Jackson pour sa version de 2005.


Un bon film d'aventures, avec beaucoup de bons moments et quelques ratages, mais qui ne mérite pas sa réputation désastreuse, essentiellement due à la colère et à la frustration de ne pas voir le film annoncé par l'affiche :


La phrase d'accroche prête déjà à sourire (ou agace, c'est selon) : "original", alors que c'est un remake, et "most exciting event of all time", c'est vendre la peau du singe géant avant de l'avoir construit. Mais ce slogan a une authentique valeur historique : il invente le concept de blockbuster.
La peinture en elle-même (réalisée par John Berkey, qui n'a vu aucune image du film, et qui se base donc sur ce que lui en a dit le producteur mégalomane Dino de Laurentiis) est fabuleuse : Kong, dans une posture triomphante, quasi-invulnérable entre les deux tours jumelles (à la place de l'Empire State Building, qu'on aperçoit quand même en arrière-plan). Le climax du film a bien lieu au sommet du World Trade Center, excellente nouvelle idée du film, mais les deux tours sont séparées de 60 mètres, quand Kong ne mesure "que" 18 mètres de haut. Et dans le film, Kong va sauter d'une tour à l'autre, dans un bond désespéré formidable (mais un plan assez raté), quand il lui suffirait de faire un pas de côté sur l'affiche.

ALICE COOPER Hell Is Living Without You 7" Single Incl. Bonus Track





 

JOUR 2 : DOUBLE FEATURE

 POST-WESTERN & CHASSE À L'HOMME 

VAMPIRES, de John Carpenter

Hard rock tendance Morricone, décors déserts et hostiles, personnages troubles et violents, survie à tout prix et loyauté chère payée, on est bien dans un film de John Carpenter. Mais là, encore mieux : on a des vampires, on a des effets spéciaux KNB, et surtout, on a un western ! Tous les films de Big John sont des westerns déguisés, enfants bâtards hors-la-loi de son amour de « Rio Bravo », mais cette fois, de la ville fantôme à la prison piégée, de la prostituée sans espoir au justicier sans états d’âme, ce sont tous les réjouissants clichés du western qui défilent ici. Si c’est parfois too much (Thomas Ian Griffith n’impressionne pas trop en maître vampire imbattable, rugissant et narquois, James Woods agace un peu en tueur irascible, poseur et rouleur de mécaniques), c’est surtout très très fun, avec des bons moments de bravoure (le piège dans l’ascenseur, le massacre dans le motel), et des grands moments d’émotion (l’enterrement désacralisé des partenaires perdus, la séparation avec promesse de traque mortelle des deux héros). Et, s’il ne fallait qu’une seule raison de regarder (et d’aimer) ce film, ce serait l’amour vicié et sublime qui naît entre Tony Montoya (étonnant Daniel Baldwin) et Katrina (renversante Sheryl Lee), toxique et apaisant comme un sommeil de mort.

APPORTEZ-MOI LA TÊTE D'ALFREDO GARCIA, 
de Sam Peckinpah 

Mexique miséreux, héros crasseux en perdition, destin meurtri et inéluctable, argent sale et toxique, on est bien dans un film de Sam Peckinpah. Post-western poussiéreux et indolent, traversé de violences choquantes, à coups de flingue, de machette ou de sexe, « Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia » est aussi et surtout une errance d’amour entre Benny, gringo déchu échoué au Mexique, et Elita, prostituée chanteuse, romantique et pragmatique. Warren Oates, l’un des frères Gorch de « La horde sauvage » (celui qui reprend en hurlant la gattling après la mort de Pike), est épatant dans le rôle de sa vie, amoureux désespéré et chasseur de prime maladroit (ou le contraire). D’abord comédie noire, puis road-trip sanglant et finalement tragédie, c’est le seul véritable film d’amour de Peckinpah (avec « Guet-Apens », peut-être), et c’est ce qui le rend inoubliable.



jeudi 3 avril 2025

JOUR 1 : DOUBLE FEATURE

DOUBLE FEATURE - Pop culture rétro-afro-américaine

COFFY, de Jack Hill

1973, New York. Un polar cool, fun, sexy et violent, avec la sublime Pam Grier, dangereuse et bouleversante comme une panthère acculée. Tour à tour bravache, terrifiée, courageuse, séductrice, manipulatrice, elle est renversante de beauté, et attire tous les regards, ange exterminatrice et vengeresse, seule contre tous, et finalement symbole de sexe et de sang d'une révolte noire sans espoir.

PURPLE RAIN, de Albert Magnoli

1984, Minnesota. Le petit Prince, farouche et fier comme 
un chat sauvage, se raconte en quatre lignes de scénario, mais avec une passion et une sincérité tellement too much que c'en est sublime. Filmé comme un archange, chemise blanche à jabot et veste mauve cintrée à larges pans, les épaulettes immenses comme des ailes pas encore déployées, apparaissant et disparaissant dans des lumières bleutées et enfumées, bête de scène et acteur intense à défaut d'être vraiment bon, Prince est incandescent. Autour de lui, tout le monde joue son propre rôle avec un charme fou, mention spéciale au duo dansant et hilarant Morris et Jérôme, et surtout à Wendy, guitare et talent en bandoulière, style années 80 comme si elle l'avait inventé, qui prononce quatre répliques, jette trois regards bouleversants et éclipse en deux secondes la belle Apollonia.

CLASS OF 1994 : "Sail Away" - GREAT WHITE


 

lundi 31 mars 2025

45 tours que j'ai déjà !

 WHITE LION




WINGER



CINDERELLA





GREAT WHITE





DOKKEN