lundi 22 février 2016

L'ALBUM DE LA SEMAINE (28) : "The Deviant Hearts" - PHANTASMA


Je sens la tornade Avantasia gronder en moi (nouvel album acheté mais pas écouté, mais déjà album préféré de l'année ;)), je me dépêche donc d'écrire les chroniques des deux "albums de la semaine" qui l'auront précédé en ce début 2016 avant qu'elle ne me fasse oublier tout le reste (j'écoute déjà The Mystery Of Time en écrivant ce texte.)
La révélation de l'année, d'abord : The Deviant Hearts, premier (et sans doute seul) album du super-groupe Phantasma, composé de la douce Charlotte Wessels (Delain), du preux George Neuhauser (Serenity) et du terrible Oliver Philipps (Everon), qui pourraient à eux trois monter une adaptation de la théorie metal de la princesse, du chevalier et du dragon ;)
Je n'en attendais pas tellement, je n'avais même pas entendu parler de l'album avant de lire l'interview de Charlotte Wessels dans RockHard. J'aime Delain, mais pas non plus à la folie, et je ne connais pas trop Serenity, et pas du tout Everon.
Mais bon, c'est un album concept de metal symphonique, c'est une chanteuse que j'aime bien, ça mérite le téléchargement pour découvrir.
Tu parles.
En fait de découverte, The Deviant Hearts est immédiatement devenu un des mes albums préférés, à égalité avec les meilleurs Avantasia, auquel on ne peut s'empêcher de penser.
Basé sur une jolie histoire poético-fantastique écrite par la chanteuse (qui tient plus du roman que du rock opera, puisqu'il couvre quand même quatre-vingt pages du livret), The Deviant Hearts s'écoute comme une histoire du soir racontée à des enfants à la fois effrayés et fascinés par le noir.
En bref, c'est l'histoire de Jacob et Robin, dix et huit ans, frère et sœur sans cesse en danger, puisque leurs cœurs menacent de les tuer si un trop grand bonheur ou malheur les submerge : le cœur devient alors trop gros ou trop petit, et les étouffe. Leur père tente bien de les préserver des émotions en les tenant enfermés en sécurité dans leur maison, mais l'ennui et les rêves les conduiront à se laisser entraîner dans une aventure fantastique et mortelle.
La première partie de l'album est envoûtante comme un rêve sans issue. Les mélodies sont à la fois inquiétantes et rassurantes, comme cette berceuse pour cesser de rêver ("Incomplete"), les clochettes légères et les lourdes rythmiques pour une ambiance Alice Cooper ("Miserable Me"), la voix infiniment triste et aimante de la mère (Chloe Lowery, de Trans Siberian Orchestra) qui abandonne ses enfants faute de pouvoir les protéger ("Try"). Les orchestrations restent discrètes, les solos de guitare sont merveilleux, les voix de Charlotte et Georg tout en nuances.
Et puis, alors que l'histoire bascule dans le fantastique, et bientôt le drame, la musique se fait étonnamment plus sauvage, moins désespérée, les refrains sont lumineux, les mots pleins de courage et d'espoir, les voix plus puissantes, comme si l'aventure tragique de ces deux enfants au cœur meurtrier était finalement plus belle que leur vie d'ennui mortel et de rêves enchaînés.
Et un dernier détail : la mélodie au piano de "Symphony Of Light", le titre bonus, est exactement (et involontairement) celle de l'ouverture d'"Emilie Jolie", un autre conte musical pour les enfants qui veulent rêver jusqu'au bout de leur nuit.

A écouter : "Let It Die", le morceau épique final